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10/29/2004

Bulletin #13 

Bulletin International de Développement Local Durable
Novembre 2004



Sommaire


Message de l?équipe éditoriale
La vie des réseaux

Conférence de Liverpool : «Socialiser l?économie globale»Vu par deux membres de l?équipe éditoriale

Réseau trinational des femmes en entreprises sociales
Projet de réseau Mexique/USA/Canada

Économie sociale et Innovation sociale
Colloque à Trento en Italie

Difficulté de construire des réseaux internationauxÉchec du projet de réseau international en développement local durable

ALTICOBA21 (Partie 3 - fin)
Une démarche de développement durable par le tourisme responsable à l?échelle d?un territoire de mobilisation.

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Message de l?équipe éditoriale : La vie des réseaux

À partir de l?actualité, ce numéro met l?accent sur l?activité, les difficultés, les avancées de réseaux internationaux qui ont pour but le changement global et ses traductions concrètes, pour souligner les enjeux de leur nécessaire décloisonnement. Certes les solutions sont diverses pour s?adapter aux contextes particuliers. Elles sont le fruit de l?ingéniosité des communautés et de la nécessité de répondre aux besoins. Les courants de pensée et d?action se sont constitués autour de différents points d?entrée. Mais, nous avons la conviction qu?on ne peut plus continuer à penser séparément la territorialité du développement socio-économique local et régional, le développement durable, la gouvernance, le mouvement social, la participation des habitants aux décisions, la cohésion sociale, les relations entre les espaces urbains et les autres etc.

Il faut rechercher activement quelles sont les articulations, les convergences, les alliances possibles, entre ces domaines d?intervention et entre les différents échelons, pour infléchir les systèmes englobants. Sans une volonté tenace et pragmatique, à la fois dictée par l?éthique et par la volonté d?efficacité, la gouvernance mondiale restera inaccessible aux citoyens et sa transformation demeurera un v?u pieux.
C?est pour répondre à cette exigence d?avenir que l?équipe éditoriale de ce Bulletin participe à des activités internationales et se fait l?écho des initiatives des autres.


Conférence de Liverpool

Elle avait pour thème « la socialisation de l?économie globale ». Elle a réuni du 15 au 19 septembre 2004 plus de 200 personnes à la Hope Université. Les acteurs du tiers-secteur, les autorités locales de la grande région de Liverpool, le Merseyside sont venus présenter leurs actions pour la promotion d?une territoire déserté par l?industrie, classé en objectif 1 par l?Union Européenne.

Cette rencontre a été coorganisée par EURONET réseau européen basé à Berlin, rassembleur de l?anglophonie européenne dans l?approche « self-help economy and local development ?; et par COMMACT, un réseau international soutenu par la Fondation du Commonwealth dont tout un volet est le soutien à la société civile. La présence internationale était, de ce fait diverse et nombreuse : Allemagne, Pologne, Ecosse, un Zambien qui vit en Ecosse, France. Une délégation de 3 États de l?Inde, de l?Afrique du Sud, de l?Australie, de la Nouvelle Zélande et du Canada.

La problématique de la conférence est de rechercher une réponse stratégique globale de ceux qui travaillent dans le local. Elle est à construire.
Le contraste est que la globalisation, processus de concentration du capital depuis 150 ans, traverse les frontières et produit des « joueurs globaux » (multinationales). Les réponses traditionnelles sont inadaptées car pensées dans le cadre des Etats-nations. Or, les pouvoirs politiques sont « les nouveaux pauvres ». Ils n?ont plus les moyens de la redistribution.

La technologie et la productivité font une croissance sans emploi qui n?empêche pas la concentration du pouvoir économique. Il faut changer le paradigme radicalement car le système globalisé n?est pas capable de répondre aux besoins et aux aspirations des gens et pourtant l?économie, c?est ça !

Le projet vers lequel on veut tendre est un développement centré sur la personne, non pas les individus pris isolément, mais leur réponse collective, car le « sur » et le « sous » développement sont les 2 faces de la même pièce. Un projet qui part des besoins ou des conflits non résolus : nourriture, logement, énergies, loisirs? et qui inclut « l?économie de l?ombre ». Il faut construire des systèmes d?action locaux, ouverts, reliés avec les autres. ?L?économie sociale est une Vraie économie et pas une économie de pauvres pour les pauvres?. Il faut gagner de l?argent, surmonter les motivations individuelles, réinvestir dans le communautaire, métisser les ressources en y incluant le bénévolat pour mobiliser les forces localement.

Les formes de la réponse politique sont à promouvoir, car on ne peut plus se contenter des manifestations de rue ou de rencontres internationales médiatisées. Il faut aussi apprendre à coopérer entre acteurs, s?ouvrir et s?allier à d?autres secteurs. Tous ne sont pas des ennemis : les entreprises dans les zones en crise peuvent devenir des alliées.

Il faut aussi créer un environnement de soutien, car tous ont besoin, pour sortir de la culture de la subvention, de conseils et de formation. Les contenus sont à construire.

Un message commun résulte de la conférence : franchir une étape collective dans l?affirmation de « la prise de pouvoir sur l?acte économique » est une question de survie des mouvements sociaux qui en portent le projet.

Yvon Poirier
Martine Théveniaut

Émergence d'un réseau trinational "Femmes et entreprises sociales" en Amérique

Un groupe d'une vingtaine de femmes, originaires du Mexique, des États-Unis et du Canada se sont rencontrées pour explorer l'idée de mettre sur pied un réseau de femmes et/ou d'organismes qui travaillent avec les femmes en « entreprises sociales » (terme états-uniens pour désigner les entreprises qui poursuivent une mission économique et sociale). Les participantes ont exprimé des besoins pratiques (techniques re: pratiques d'entreprise) et stratégiques (re: visibilité et reconnaissance des femmes, justice économique, solidarité internationale). La rencontre a pu se réaliser grâce au soutien financier de la Ms. Foundation, avec la collaboration de la Canadian Women's Foundation.

Ce réseau a pour nom provisoire:

Red trinacional de empresas sociales de mujeres
Réseau trinational des femmes en entreprises sociales
Women's Trinational Social Enterprise Network

Pour informations :
Josée Belleau
Services conseil en développement économique, social et communautaire Montréal (Québec), Canada
jsbl@aei.ca


Économie sociale et Innovation sociale

Le Centre LEED de Trento en Italie organise à Trento, du 14 au 18 novembre 2004, un séminaire à l?intention des décideurs et praticiens des 13 pays de l?Europe centrale et de l?est.

Des représentants des secteurs des coopératives, du micro-crédit, des associations et des entreprises d?économie sociale se réuniront autour des cinq thèmes suivants :

o Définir et comprendre l?économie sociale. L?évolution de l?économie sociale dans l?évolution historique de l?Europe de l?ouest ;
o La justification économique et sociale de l?économie sociale;
o Le nouveau rôle des organisations d?économie sociale dans la livraison des services de bien-être et d?intégration au marché du travail;
o Outils pour l?économie sociale et l?innovation sociale, stratégies de lobbying et de réseautage, les technologies de l?information et de communication, partenariats locaux, le financement et les Fonds structuraux européens.
o Études de cas avec des tuteurs.

Pour informations
Paola.Babos@oecd.org
http://www.trento.oecd.org


Prendre acte de l?échec du projet de réseau international d?acteurs du développement local durable À Paris en avril 2002, dans le prolongement des premières rencontres mondiales des acteurs du développement local qui avaient réunies plus de 800 personnes à Sherbrooke au Québec en 1998 et d?un projet d?organiser les deuxièmes rencontres qui n?avait pas pu aboutir, nous avions constitué, avec sept autres personnes, à l?invitation du réseau français UNADEL, un Comité International de Pilotage Provisoire en vue de créer un réseau international d?acteurs du développement local durable. Nous en faisions état dans le Bulletin # 3 de janvier dernier.

Pendant une année après la rencontre de Paris, le comité a maintenu des échanges et produit un projet de Charte pour le futur réseau. Des rencontres ont eu lieu entre certains d?entre nous. Yvon Poirier est allé en Inde faire connaissance de l?activité d?ASSEFA, organisation dirigée par un des membres du Comité provisoire, M.S. Loganathan. D?autres échanges se sont maintenus pendant un certain temps des relations ont continué d?exister informellement. Faute de moyens d?une part et d?une animation suffisamment volontariste d?autre part, les activités formelles ont cessé. Le projet de Charte n?a pas été diffusé. Le réseau n?a pas vu le jour.

Au mois de mars 2004, nous avons adressé un courrier de relance pour connaître la position des autres membres du Comité provisoire. Nous avons obtenu une seule réponse. Prenant acte de la situation, nous annonçons notre décision de reprendre notre autonomie d?action, et vouloir rechercher toutes les voies possibles pour structurer les relations entre les acteurs du changement local, autrement, avec d?autres, afin de ne pas laisser se perdre les forces vives qui continuent à espérer dans l?existence d?un réseau mondial des acteurs, capable d?influer le cours des évènements.

Ainsi, nous vous informons que nous restons disposés à collaborer avec les personnes et les projets de réseautage international qui vont dans ce sens, même dans d?autres domaines d?action apparentés. Parce que nous y croyons, et pour partager les leçons que nous avons tirées de cette participation internationale de plusieurs années, afin de mieux surmonter les difficultés et d?augmenter les forces que nous représentons.

Francisco Botelho
Yvon Poirier
Membres de l?ex comité provisoire


ALTICOBA21
Agenda 21 Local Tourisme Issu des COmmunautés de BAse
République de Djibouti

Auteur : Alain Laurent

PARTIE 3 (fin)


Comment ?
ALTICOBA21 est une démarche ascendante qui part des problèmes et questions exprimés par la communauté, ou ses représentants, pour aborder les causes, les solutions puis les actions à mener. Ces solutions sont classées, hiérarchisées et définies en suivant les principes fondamentaux du développement durable
Les outils sont :
? une charte « feuille de route », qui pose des principes communs, affiche une volonté et cadre le travail,
? un programme d?action, l?agenda 21 local proprement dit, élaboré conjointement avec, par, et pour les habitants,
? un groupe d?appui local et inter¬national chargé de l?animation, du conseil, du suivi et du transfert de compétences,
? un suivi-évaluation pour passer du « faire pour faire » au « faire pour quoi faire ? » concrétisé par des outils de suivi et d?évaluation adaptés aux objectifs et aux réalités du terrain,
? des méthodes et outils favorisant la transparence, le partage de responsabilités et une forme d?aide à la décision principalement axée sur les liens de causalités dans une analyse systémique des situations.


Tableau n°2 ? Les chaînages causes-effets au c?ur des agendas 21 locaux « Tourisme »
(sites de Djibouti)

La demande locale Mise en perspective systémique de la demande
« Il faut surcreuser l?ensemble des puits de la zone » : puits villageois et puits d?alimentation des jardins familiaux, au sud de la localité en bordure d?oued. Cette demande a conduit à envisager une solution globale qui ne soit pas uniquement réparatarice mais préventive.
? Au titre de la réparation, il a été prévu un gel de l?extension des jardins agricoles, la mesure de la consommation de chaque jardin par la création de bassins fermés et la pose de compteurs individuels, une économie de prélèvement d?eau dans la nappe par des techniques d?arrosage type goutte à goutte, un pompage moins agressif, des culture sous ombre.
? Au titre de la prévention, il a été décidé, puis réalisé techniquement en 2004, de mettre en place des retenues de surface (barrages) sur les affluents de l?oued principal pour augmenter la recharge naturelle de la nappe superficielle durant les épisodes pluvieux, variables mais périodiques.

« Il faut protéger la faune sauvage non nuisible » ? A partir de la faune sauvage et d?espèces symboles - usage, rareté, urgence de conservation, esthétique, potentiel touristique...- [exemples : gazelle endémique régional beira ou palmiers de Bankoualé espèce menacée], les liens logiques entre problèmes, causes et solutions sont explicités.
Ils aboutissent à des actions intégrées concernant l?espèce en question, ses habitats, les questions foncières, les usages et la durabilité des usages des ressources et les activités alternatives et complémentaires possibles.
? Ce travail est-lui même intégré dans une planification plus générale traitant, par exemple, de l?agriculture, des modes d?élevage et de commercialisation et de la production de fourrages dans le cadre d?une évolution des pratiques non durables à l?origine des problèmes constatés, principalement la surexploitation des ressources pastorales.

« Il faut protéger le village d?Ardo des crues de l?oued Ayboli » ? Une demande de protection d?un village menacé par des crues violentes de l?oued proche a conduit à envisager une révolution des méthodes d?élevage bovin, initialement transhumant, devenu prédateur des ultimes ressources végétales par une sédentarisation découlant de la scolarisation des enfants.
? Considéré par les villageois comme une des causes de la déforestation, avec le bois de feu et le bois de construction selon la logique « moins de végétaux - moins de protection - plus de ruissellement - crues plus fréquentes et violentes », l?élevage bovin familial quitterait son statut d?indicateur de niveau social pour devenir une activité génératrice de revenus par la commercialisation de ses productions : beurre, lait, viande.


Qui, avec quoi ?
ALTICOBA21 est mis en ?uvre par des associations locales (ADDLA à Assamo), des personnes ressources (Nicolas Prévot, Daher Obsieh, Houmed Ali Houmed?) et un groupe d?appui international (« T2D2 », Tourismes, Territoires et Développement Durable, avec Alain Laurent, Hélène Séguéla, André Dollfus, Martine Théveniaut, Gilles Béville, Geneviève Clastres, Anne Amblès?). Mais, pour que ces démarches se concrétisent, il faut deux types de financements : un financement pour assurer le suivi et l?appui organisationnel nécessaire et un autre pour la réalisation des actions/projets.

Quelles perspectives ?
ALTICOBA21 fait de la figuration intelligente à la périphérie. C?est ainsi que, probablement, la démarche est perçue. Elle ne serait pas à la hauteur des enjeux : « Il y a peut-être dans ces initiatives un problème de perception des enjeux et des solutions [?] La possibilité d?un développement touristique dans les pays du Sud repose par exemple autant sur des politiques nationales de codification et d?incitation aux investissements, sur des choix d?infrastructures, sur la constitution d?une réelle capacité de promotion et de commercialisation dans ces pays pour contrebalancer l?influence des grands tours-opérateurs du Nord, sur la formation et l?accès aux technologies? que sur la mobilisation des acteurs locaux avec l?aide des ONG. »
En guise de conclusion, trois commentaires :
? ALTICOBA21 est une démarche de territoire globale et transversale. Les acteurs et les analystes, tous spécialistes et sectorisés, peinent à dépasser les limites de leurs champs traditionnels. Le tourisme, même durable, reste du tourisme.
? Le réseau T2D2, réseau porteur de la démarche, réclame, souhaite et milite activement pour une forme de reconnaissance institutionnelle qui garantirait un label « Territoire responsable », forme assumée et revendiquée du développement cohérent d?un territoire de mobilisation autour d?enjeux collectifs et d?horizons de plusieurs décennies.
? Considérer ALTICOBA21 dans le paradigme habituel du « toujours plus » (de clients, de chiffre d?affaires, de promotion, d?entreprises, de commercialisation?.) est un non-sens car cela renforce la non-viabilité du développement actuel. ALTICOBA21 est une pédagogie du mieux-développement là où les acteurs du système agissent. Et dans cette vision ouverte, décloisonnée et systémique des situations à traiter, les touristes, les prestataires du Nord et du Sud, les autorités locales, nationales et internationales, les entreprises - sous-traitants, co-traitants, sièges ? sont concernées. ALTICOBA21 n?est pas une forme de développement « bocal ». C?est bien là son intérêt, sa force mais aussi son plus grand handicap.
Qui porte, en fin de compte, la parole des territoires et des sociétés dans l?intégralité de leurs composantes et donc de leur cohérence ? Où sont les labels transversaux ? Les ministères horizontaux ? Qui garantit l?intérêt général ? Qui, en fin de compte soutient les tentatives d?inscrire dans les faits les grandes conciliations du développement responsable : court terme-long terme, local-global, individuel-collectif, mono-poly, simplicité-complexité ?

DJIBOUTI, Alain Laurent, Nicolas Prévot, Hélène Séguéla (T2D2), 3 avril 2004.
Alain Laurent, texte complété, août 2004

Pour information : Alain Laurent (beira.cfp@club-internet.fr)


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Nos Bulletins sont disponibles sur le WEB :

http://developpementlocal.blogspot.com/
www.apreis.org/

Remerciements
À Carmen López d?Espagne pour la traduction en espagnol
À Évéline Poirier du Canada pour la traduction en anglais

Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca





10/05/2004

Bulletin d'information #12 

Octobre 2004
Sommaire

Message de l'équipe éditoriale
En guise d'introduction

ASSEFA : 35 Années au Service des Communautés Rurales
Développement communautaire en Inde

ALTICOBA21 (partie 2)
Une démarche de développement durable par le tourisme responsable à l'échelle d?un territoire de mobilisation.

UNE MONDIALISATION JUSTE: CRÉER DES OPPORTUNITÉS POUR TOUS
Rapport final d'une commission de l'Organisation internationale du travail (OIT)


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Message de l'équipe éditoriale

La Bulletin n° 12 souhaite apporter une matière à penser à partir des pratiques, qui correspond à la nécessité de l'appréciation ou l'évaluation du "plus", ou mettre en lumière la valeur ajoutée de la dimension collective et/ou communautaire, ce que la institutions régionales et internationales (ONU) encouragent d'ailleurs, en tous cas dans les discours.
Relever le défi de savoir dire et de savoir faire valoir ces acquis matériels, immatériels, culturels et tout simplement humains, c'est une nécessité actuelle pour que le mouvement social gagne en autonomie et en reconnaissance.
Deux des membres de l'équipe éditoriale ont participés à la conférence de Liverpool Socialiser l'économie globale qui s'est tenue les 16 et 17 septembre. Un compte-rendu sera publié dans le prochain numéro.

Francisco Botelho
Yvon Poirier
Martine Théveniaut

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ASSEFA : 35 Années au Service des Communautés Rurales
Une approche holistique de développement communautaire


Note introductive.
Nous avons déjà fait état dans le Bulletin #4 du partenariat entre ASSEFA en Inde et une ONG italienne qui dure depuis 35 ans. Dans le présent numéro, à la lumière du rapport annuel 2003-2004, nous décrirons les grandes lignes du travail d'ASSEFA.

Inspiré par Mahatma Gandhi et son disciple Vinoba Bhave, ASSEFA oeuvre depuis 35 ans afin d'améliorer la situation des paysans sans terres. À partir des terres que Vinoba Bhave a recueilli pour ces paysans, ASSEFA soutient le développement de leurs s villages.

Aujourd'hui en 2005, ASSEFA est au service de 5 720 villages, répartis dans sept états de l'Union. La majorité, 3 439 villages, sont situés dans l'état du sud de l?Inde, le Tamil nadu. Au total ce sont 321 500 familles (moyenne de 4 personnes par famille).

S'inspirant de la philosophie Gandhienne de Sarvodaya qui signifie «bien-être pour tous», ASSEFA s'est fixé l'objectif suivant : « Améliorer le statut économique, social et culturel des communautés rurales, améliorer leurs compétences et capacités d'auto gestion. ASSEFA désire également que les communautés rurales s'unissent sans aucune forme de discrimination et travail pour élever la vie sociale, culturelle de tous, et pour établir des communautés auto suffisantes, confiantes en soi, autogérées reposant sur les principes de liberté, égalité économique et justice sociale. »

Afin que les communautés locales deviennent autonomes et autosuffisantes, ASSEFA a développé une double stratégie qui consiste à «Mobiliser la communauté» et «Bâtir des institutions communautaires». Ainsi, à partir de la communauté locale elle-même, à travers le Gram Sabha (assemblée du village) et des Groupes d'Entraide féminins, les villages poursuivent un développement en cinq phases : planification, implantation de projets pilotes, implantation avancée, développer autonomie et effet d'entraînement (support à d'autres villages). L'expérience d'ASSEFA permet de constater qu'en général le cycle de développement prend entre 12 et 15 ans. Une fois que la communauté locale est devenu autonome et autosuffisante, elle peut néanmoins requérir le soutien d'ASSEFA pour des besoins ponctuels.

ASSEFA a soutenu le développement d'un grand nombre d'activités et de projets au niveau des villages, de groupes de villages et au niveau de fédérations de groupes de villages. Voici un aperçu de quelques projets et activités :

Institutions pour les femmes rurales
Les Groupes d'Entraide (GE) sont la base de l'organisation des institutions dans les villages. Les GE, dont le membership est exclusivement féminin, ont développé divers outils et instrument de micro-crédit, de fonds communautaires, de l'assurance vie et des assurances pour le bétail. Chaque GE est limité à 20 personnes. Actuellement, il y a 7634 GE, avec 124 451 membres au total qui sont enregistrés dans 51 entités régionales nommées «Trusts». Les «trusts», étant des entités légales, sont en mesure de négocier et contracter avec des ministères, des banques et autres entités externes. Les «Trusts» détiennent présentement l'ensemble des actions de la Sarvodaya Nano Finance Limited, qui est enregistré auprès de la Reserve Bank of India. Ainsi, il s'agit de la première institution de micro-crédit en Inde appartenant aux femmes.

Production laitière au service du milieu rural
ASSEFA mobilise 19 000 femmes rurales, dans 600 groupes laitiers, afin que le surplus de lait serve au développement des villages. Avec l'amélioration de la production de lait grâce à des services vétérinaires, des assurances sur le bétail et de la meilleure nourriture pour les vaches, les familles sont en mesure de produire un excédent de lait. Afin d'éviter de perdre ce lait, et pour augmenter les revenus, un réseau de six usines coopératives permet de traiter 70 000 litres par jour.

Éducation
Depuis plus de 25 ans, afin d'améliorer l'éducation, des écoles sont construites dans les villages qui sont trop éloignés des écoles publiques. L'objectif est notamment d'améliorer le niveau d'éducation des femmes (48% des élèves sont des filles). Le programme d'éducation connaît un vif succès. Au total, ce sont 31 667 élèves, dans 572 écoles différentes, principalement pour des études primaires. Au total, il y a 1062 enseignants (1/3) et d'enseignantes (2/3). Afin d'éviter l'exode des jeunes vers les grandes villes, des écoles techniques ont été créées pour des métiers utiles et nécessaires dans les villages (réparation de moteurs, électricité, plomberie, travaux de textile, etc.). ASSEFA se préoccupe de former le personnel enseignant aux valeurs qu?elle poursuit.

Autres initiatives.
ASSEFA a développé une très grande série d'initiatives et de projets qu'il n?est pas possible de présenter ici en détail :
? Éducation à la paix
? Mariages (43) communautaires (mariages hindous, musulmans et chrétiens) afin d'améliorer la Paix et l'Harmonie. Plus de 12 000 personnes ont participé à ce méga évènement de l'an passé
? Marchés dans les villes pour la vente directe des produits
? Micro-entreprises pour l'artisanat dans les villages
? Promotion de la santé, notamment pour les femmes et les enfants
? Amélioration de l'habitat
? Éducation à la philosophie Sarvodaya (notamment pour la jeunesse)

L'expérience d'ASSEFA auprès de milliers de villages ruraux en Inde, s'appuyant sur la prise en charge par les populations elles-mêmes de leur développement, est riche et est une source d'inspiration pour tous.

Pour plus d'informations, le rapport annuel 2003-2004 (en anglais seulement) est disponible. Deux possibilités :
ASSEFA
assefa@md2.vsnl.net.in
Yvon Poirier
ypoirier@videotron.ca



ALTICOBA21
Agenda 21 Local Tourisme Issu des COmmunautés de BAse
République de Djibouti

Auteur : Alain Laurent

PARTIE 2 DE 3 (suite et fin dans le prochain numéro)

Pour quoi ?
L'objectif principal d'ALTICOBA21 est le développement, si possible durable, de populations rurales ou de territoires peu favorisés. On y retrouve les objectifs bien réels de lutte contre la pauvreté relative sociale et économique, la lutte contre l'exode vers les villes, une logique « réponse aux besoins », une organisation de la « société civile » locale (producteurs, associations, coopératives?) pour une plus grande capacité à amortir les aléas et les interférences extérieures, des éléments de « démocratie participative » et de gestion co-opérative de projets à enjeux collectifs, une éducation au développement responsable, une gestion rationnelle (ou une restauration) des ressources rares (espèces, paysages?)?.

Les « résultats », ou effets perceptibles et significatifs de la démarche, se situent donc autant au niveau matériel qu?immatériel. En presque trois ans, à partir de l'exemple d'Assamo/Djibouti, le tableau ci-dessous en donne un aperçu :

Tableau n°1 - Quelques « réalisations » ALTICOBA21 mises en perspective
(sites de Djibouti)

Effets, résultats ou actions réalisées Mise en perspective

Programme de travail intégré et cohérent sur un horizon de 15 ans (l'agenda 21 proprement dit) à l'initiative des associations partenaires (ADDLA, association Village d'Ardo). Les programmes ont été réalisés collectivement à partir de questions-réponses et de collecte des avis et commentaires.
Une question posée reste celle de la réalisation pratique des actions retenues : Qui ? Avec quelles compétences, moyens, délais et ressources financières ?
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ALTICOBA21 nécessite la sensibilisation, la mobilisation et l'implication de partenaires techniques et financiers pour compléter les ressources manquantes sur place. La démarche est de ce fait d'emblée collaborative et partenariale, donc difficile.



Lors de l'énoncé et de la priorisation des actions des programmes, apprentissage et mise en avant d'un raisonnement des chaînages causes-effets. Cette « éducation » à la notion d'éco-socio-système et aux conséquences qui en découlent est la base du mieux-développement. Des exemples sont donnés dans le tableau n°2.
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ALTICOBA21 permet d'intégrer le long terme et les différentes échelles sans négliger les urgences et les priorités de court terme. Ce qui nécessite une programmation et un suivi dans le temps, donc un accompagnement et un suivi compatibles avec l'objectif d'autonomisation des moteurs organisationnels et gestionnaires locaux.





Une activité touristique solidaire (treks chameliers, accueil en écostation) se développe.
Le versement automatique d?une somme forfaitaire de 1000 FD (5 Euros) par client à un fonds associatif sert de co-financement ou de financement de projets (exemple : puits villageois).
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Ce versement est la première des articulations entre le tourisme intégré pratique localement et le domaine du développement non touristique. C'est un lien mécanique qui a l'avantage de la lisibilité.
Une deuxième articulation est représentée par la force d?entraînement, d'animation, de débat et d'impulsion que représente les thèmes abordés par le tourisme : conservation et valorisation des ressources, occupation des sols, aménagements, infrastructures, approvisionnement, sécurité, accès, transports, hébergements, santé, apprentissage des langues...La condition à une présence continue sur le terrain et des compétences d?animation, de médiation et de conception. Ces compétences n'étant pas celles des agents touristiques, ALTICOBA21 est donc, fondamentalement, l'apprentissage d'une culture du partenariat.



Une rotation des personnes impliquées (guide, chameliers, vendeurs de cabris, fruits et légumes?) permet de répartir les bénéfices. Les guides, les responsables chameliers, les vendeurs de produits alimentaires sont, le plus possible, différents à chaque caravane.
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La rotation des personnes signifie aussi une extension et une dilution des effets. Elles se font parfois au détriment de la qualité du produit, les prestations des guides n'étant pas équivalentes. L'introduction de critères d'équité sociale - hommes, femmes, jeunes, défavorisés...- génère des difficultés pratiques que les temps de formation et une présence continue sur place permettent d'atténuer.







Pour une caravane chamelière d?un jour et demi faisant travailler 10 personnes, le niveau de rémunération permet de contribuer à faire vivre de 100 à 150 personnes en brousse et/ou au village d?Assamo. Sans introduire une disproportion brutale dans les revenus monétaires des habitants, le niveau de rémunération permet de diffuser largement, au niveau d'un « territoire de mobilisation », les bénéfices des activités et des services touristiques.
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La mesure des effets économiques, sociaux, environnementaux et culturels fait partie de la démarche ALTICOBA21 grâce à des outils appropriés, notamment une spatio-carte définissant 3 champs - orientation du processus, intrants et extrants économiques, intrants et extrants socio-organisationnels -, 12 domaines et 3 niveaux de progrès. Ce type d?évaluation est à la fois consubstantiel du développement durable mais aussi un poste «matière grise» et «finance» considérable. Quel est son financement ? Qui validera le protocole et ses résultats ? Quelle certification ou reconnaissance institutionnelle permettra au client-consommateur de ne pas être abusé par une politique commerciale agressive en lieu et place d?un travail en profondeur ? ALTICOBA21 pose clairement la question de la «labellisation» du développement durable dans sa version extensive à l'échelle d'un réseau systémique limité.

Quelques réalisations :
? reconstruction du puits du village selon des techniques anti-crues,
? barrage de surface pour retenir le ruissellement et recharger les nappes,
? construction d'une « écostation » [gîte touristique « écologique » valorisant la culture issa-somalie],
? valorisation de productions agricoles et diversification [confitures, coulis de tomates, miel],
? conservation d?une espèce rare par le tourisme de vision [antilope beira],
? artisanat?
Parmi les concrétisations du « développement durable », celles illustrant le critère de diversité/diversification sont importantes. Elles se traduisent au niveau touristique lui-même (activités, prestations, circuits mettant en valeur tour à tour la culture, le patrimoine naturel, les relations homme-nature, la géologie, l'histoire,) mais, plus important, en créant des activités génératrices de revenus indépendantes de la clientèle strictement touristique.
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ALTICOBA21 pourrait être qualifié d'antidote à la monoculture touristique par sa volonté de tendre et de multiplier les ressorts d'un développement endogène moins soumis à la volatilité des marchés touristiques internationaux. De ce point de vue, la recherche d'une clientèle locale est une forme de réponse. Mais, dans la démarche, les activités non touristiques dynamisées et impulsées par le tourisme doivent elles aussi répondre à des cahiers des charges sociaux et environnementaux. L'exemplarité des pratiques ne peut se restreindre à la filière touristique ressource - producteur - vendeur - client.





Apprentissage du « faire ensemble » Ce résultat est peut-être le moins « concret » et en même temps le plus significatif. Apprendre à gérer une association dans la transparence et, à un autre niveau, construire une collaboration avec des opérateurs privés - temps rapide, concurrence, amoralité de l'économie? - est un progrès objectif dans un contexte très individualiste sans culture associative.
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ALTICOBA21 met en avant les ressources humaines individuelles et collectives plus que les aspects matériels. De ce fait, elle est moins lisible et visible, donc moins reconnue, donc moins financée et soutenue.


Pour information : Alain Laurent (beira.cfp@club-internet.fr)


UNE MONDIALISATION JUSTE: CRÉER DES OPPORTUNITÉS POUR TOUS
Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation
Organisation Internationale du Travail (OIT)

Coprésidents:
Tarja Halonen, Présidente de la République de Finlande
Benjamin William Mkapa, Président de la République-Unie de Tanzanie

Extrait se rapportant à l?approche locale (pages 73 et 74)
Rapport complet disponible (en français, anglais et espagnol_
http://www.ilo.org/public/

Responsabiliser au niveau local
Les politiques internationales doivent respecter et responsabiliser les communautés locales

293. Notre vision de la mondialisation est résolument ancrée au niveau local. L'agenda politique international doit respecter la diversité des besoins et perspectives locaux et satisfaire à leurs exigences. Les individus vivent dans leur milieu local. C'est à ce niveau-là que la démocratie peut être réellement participative, que la mobilisation politique se fait, que l'autonomie peut être concrétisée et que la solidarité fait partie de la vie quotidienne. La communauté locale est toutefois intégrée dans la communauté mondiale. Le local fait partie intégrante du mondial, et la tournure que prend la mondialisation est influencée par ce qui se passe au niveau local.

294. En même temps, le développement local est souvent entravé par des obstacles importants. Une plus grande décentralisation est nécessaire mais, pour être véritablement efficace, elle devra s?accompagner d'un accroissement des capacités et des ressources et de la mise en place de cadres efficaces favorisant la démocratie et la participation. Les gouvernements ont un rôle crucial à jouer dans la redistribution des richesses des régions les plus riches vers les régions les plus pauvres et dans le renforcement des capacités des administrations locales et autres acteurs importants. La décentralisation doit impliquer l?autonomisation des communautés locales au sein de l'économie et du système politique national.

295. La notion de communauté «locale» est très variable. Pour la majorité de la population mondiale, la communauté locale renvoie aux villages (dont beaucoup sont isolés, éloignés et écologiquement fragiles), aux bidonvilles et autres taudis. Dans de telles situations, il existe généralement un lien direct entre le lieu où les gens vivent et celui où ils travaillent. Les communautés rurales subsistent grâce à des activités locales agricoles ou non, tandis que les communautés urbaines pauvres sont également les foyers d'activités diverses dans l?économie informelle. Bon nombre de ces communautés connaissent une pauvreté endémique et, à part l'émigration, les clés de la réduction de la pauvreté résident dans l'amélioration de la base économique locale et la plus grande disponibilité de services sociaux de base.

296. La notion de communauté locale est également fondamentale dans les régions à revenu élevé. Les grands Etats fédéraux comme les Etats-Unis ou l?Allemagne reposent traditionnellement sur le soutien d'entités infranationales aux responsabilités clairement définies, et ce jusqu'au niveau local. L'éloge de «l'espace local» est aussi une composante explicite de l'architecture de l?Union européenne. Tandis que les Etats Membres transfèrent au niveau européen une partie de leur souveraineté en matière économique, la diversité des cultures, des valeurs et des langues est protégée au niveau local. Les systèmes locaux de développement industriel ou technologique sont d'ailleurs les fondements de la capacité économique nationale dans de nombreuses régions du monde.

297. Notre souci de l'espace local est fondé sur les réflexions suivantes.

298. Tout d'abord, la mondialisation touche un nombre croissant de communautés dans le monde. Certaines communautés ont été frappées par le chômage suite au déclin des industries locales dû à la libéralisation des échanges ou à la réimplantation des entreprises dans des pays où les salaires sont inférieurs. Ce phénomène crée souvent de gros problèmes d'ajustement local et soumet le tissu social à de fortes tensions. Les communautés rurales isolées des pays en développement sont également touchées par ce problème, par exemple lorsque les importations bon marché anéantissent les moyens d'existence tirés de l'agriculture ou lorsque l'arrivée de grandes entreprises d'exploitation minière ou forestière, ou l'introduction de certaines formes de tourisme, viennent compromettre les moyens d'existence traditionnels et ont un effet défavorable sur l'environnement local.

299. Ensuite, la mondialisation peut éroder la résilience et la vitalité des communautés locales même en l'absence de conséquences économiques directes. La portée grandissante de l'industrie des médias, du spectacle et du tourisme au niveau mondial trouble les cultures et valeurs traditionnelles, la notion d'identité, et met à l'épreuve la solidarité des communautés locales. Notre vision est celle d?une communauté mondiale intégrant la multitude de cultures et de capacités locales, et non celle d'une grande vague d'uniformisation.

300. Enfin, nous pensons que le mondial et le national doivent s'appuyer sur le local, et que c'est là l'une des clés qui ouvrent sur une mondialisation plus juste et plus généreuse. Une approche décentralisée de la conception et de la mise en oeuvre des politiques, fondée sur une meilleure connaissance des situations et des contraintes réelles, plus participative et plus proche des besoins et des demandes des gens, et aussi plus facile à contrôler, a toutes les chances d'être plus efficace.

301. Afin de renforcer ce lien entre le local et le mondial, il convient d'établir un programme prospectif et pratique centré sur l'administration, la base économique et les valeurs et héritages culturels locaux.


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Nos Bulletins sont disponibles sur le WEB :
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www.apreis.org/

Remerciements
À Carmen López d'Espagne pour la traduction en espagnol
À Évéline Poirier du Canada pour la traduction en anglais

Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca


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