<$BlogRSDUrl$>

12/03/2006

Bulletin International de Développement Local Durable
Bulletin d'information #34
1 Décembre 2006

Sommaire

Message de l'équipe éditoriale

Le microcrédit ne peut pas prétendre être un élément majeur pour éradiquer la pauvreté
Muhammad Yunus et le prix Nobel : un commentaire

Lier le local et le global : quelques initiatives européennes
Groupe de Recherche pour une Stratégie économique alternative (GRESEA)
Helsinki Citizens Assembly (HCA).
Initiatives pour un autre monde est une plate-forme de réseaux (IPAM)
Réseau des centres de documentation pour le développement durable et la solidarité internationale (Ritimo)



Message de l'équipe éditoriale

L'attribution du prix Nobel de la paix à Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen Bank du Bangladesh, est très significative à plus d'un égard. En particulier ce prix reconnaît que la paix durable ne peut s'établir sur notre planète sans l'abolition de la pauvreté. De plus, ce prix démontre qu'il est possible de développer des stratégies par et pour les pays en développement qui s?inscrivent dans la perspective de lutte à la pauvreté.

Néanmoins, le microcrédit soulève des critiques et des commentaires sur ses limites, surtout quand on le présente comme la solution au problème de pauvreté et de sous-développement.

Ainsi, nous jugeons utile de vous présenter le résumé d'un article de Jean-Michel Servet publié dans un quotidien de Genève le 25 octobre. Bien que nous ne soyons pas experts de cette question, nous pensons que la micro-finance - terme que nous trouvons plus juste- est un instrument de lutte contre la pauvreté à condition de l?inscrire dans une approche plus globale du développement des communautés.

Nos propres observations dans nos pays respectifs rejoignent celles de l'auteur, à savoir que dans la plupart des cas, ces outils permettent aux plus démunis de soulager les effets de la pauvreté et de l'exclusion. Elles leur accordent souvent plus de dignité et leur permet d'envisager l'avenir avec plus d'optimisme. Mais, pour la majorité des situations que nous connaissons, les personnes demeurent en dessous, ou près du seuil de pauvreté. En somme, quand on comprend que la micro-finance est un des instruments, et qu?on ne s'illusionne pas sur son rôle et sur ses objectifs, c'est un outil fort valable.

Par ailleurs, nous vous présentons quatre initiatives Européennes, colligés par Martine Théveniaut. Ces initiatives témoignent de la vivacité des acteurs de la société civile européenne dans une démarche vers une plus grande justice sociale et économique en Europe, et entre les européens et les pays du Sud. L'inventaire sera poursuivi dans les numéros à venir, à la mesure de la place disponible, pour contribuer à faciliter le rassemblement des énergies qui pourraient contribuer à nourrir la préparation des 4ièmes rencontres de la globalisation de la solidarité, programmées en Europe en 2009.

En cette fin d'année 2006, nous désirons remercier nos lecteurs fidèles pour l'attention qu'ils portent à notre publication et pour les commentaires et suggestions qu'ils nous adressent. Présentement, 200 personnes reçoivent directement notre bulletin. Comme plusieurs le diffusent à l'interne de leurs organisations, ce sont quelques centaines de personnes qui le reçoivent.


Brunilda Rafael de Marseille s'est portée volontaire afin de nous aider pour la traduction vers l'espagnol. Bienvenue dans l'équipe.
PROCHAIN PARUTION : 1er février 2007


Équipe éditoriale
Francisco Botelho
Yvon Poirier
Martine Théveniaut

**************************************************************

Le microcrédit ne peut pas prétendre être un élément majeur pour éradiquer la pauvreté

Trop de mythes circulent, il est urgent d?attirer l'attention sur les limites du microcrédit
La quasi-unanimité autour des vertus supposées du microcrédit est si forte qu'il semble incongru d'interroger les raisons pour lesquelles le Comité norvégien du Nobel a attribué son prix à Muhammad Yunus et à la Grameen Bank. Après une période d'euphorie, les déceptions risquent de conduire à jeter l'anathème sur une technique qui, employée avec modération dans des circonstances locales opportunes et avec des méthodes d'accompagnement appropriées, révèle quelque efficacité.

Pour répondre aux besoins de la planète, il faudrait un changement plus important et une volonté bien plus forte que ces petits prêts

Aujourd'hui la microfinance ne se limite pas au microcrédit. Une épargne en sécurité est souvent un service plus important que le crédit. Les transferts financiers pour les migrants, la microassurance se développent. Mais là où il y a carence en hôpitaux, dispensaires, médicaments et médecins, la microassurance ne va pas par miracle les faire apparaître, sous le simple effet de la demande. Proposer des services qui n'existent pas est plus source de dysfonctionnements que d'efficacité. Les besoins en eau, en éducation, en santé, en transport notamment sont, pour les pauvres, des besoins plus urgents à résoudre.

Une erreur courante est de croire que Muhammad Yunus est le premier à avoir pratiqué le microcrédit, alors que les premières initiatives, proviennent principalement d?activistes chrétiens en Amérique latine. Une autre erreur serait d'imaginer que la Grameen Bank a toujours pour modèle les prêts solidaires à de petits groupes, alors qu'une crise très forte d'impayés l'a conduite en 2002 à promouvoir les prêts individuels.

Une troisième erreur est de penser que le microcrédit s'adresse aux plus pauvres parmi les plus pauvres. Les contraintes exercées par les coopérations multilatérales et bilatérales les a fait se tourner vers des clientèles de moins en moins pauvres. Sur 7000 à 10 000 institutions de microcrédit recensées, seules une centaine peut prétendre avoir une clientèle pauvre et être profitables ou couvrir leurs coûts de façon autonome. Il existe, certes en nombre limité, des opportunités reconnues par certains fonds acceptant des risques élevés, des investissements éthiques ou de partage (...) Au Pérou, des institutions de microcrédit prêtent à 5% par mois mais elles ne desservent pour l'essentiel que des populations au dessus de la ligne de pauvreté dans les zones urbaines et laissent les ONG subventionnées intervenir dans les zones rurales de grande pauvreté et où les densités de populations sont faibles et l'illettrisme élevé.

Les mesures d'impact
Elles montrent que le microcrédit améliore la gestion des budgets des familles (en faisant la soudure entre les périodes de besoin et celles de perception des revenus). Il stabilise des petites activités entrepreneuriales, ce qui est fort utile. Mais, le microcrédit ne peut pas prétendre être un élément majeur pour éradiquer la pauvreté ; ce que pourtant le comité du prix Nobel affirme. Le plus souvent les microcrédits sont utilisés pour des dépenses de santé et d'alimentation, qui prouvent son caractère indispensable. Mais ces dépenses l'emportent de loin sur les investissements créateurs de revenus. Le microcrédit peut donc conduire au surendettement et crée alors plus de drames que d'espoirs.

Les attendus du comité Nobel illustrent la méconnaissance de la réalité : le microcrédit se révèle être facteur de paix, après des conflits
Aucune référence n'est faite au rôle essentiel du microcrédit dans les situations post conflit. Or, cette technique financière originale a été un facteur de retissage des liens sociaux au Cambodge, en Ouganda, en Bosnie, au Rwanda mais aussi au Bangladesh. La Grameen Bank a été créée juste après la partition du Pakistan qui avait plongé le nouvel État dans la guerre et une crise profonde. Le regard du Comité du prix Nobel, porté uniquement sur les fondements économiques du microcrédit, risque de propager nombre d'illusions.

Résumé de l?article de Jean Michel Servet paru dans la Tribune de Genève, mercredi 25 Octobre 2006 p. 15. Il est professeur à l'IUED de Genève, fondateur du programme de recherche sur la microfinance à l'Institut français de Pondichéry (Inde). Il est l?auteur de Banquiers aux pieds nus. La Microfinance (Paris, Odile Jacob, 2006).
Voir aussi la note de lecture par Sylvain Allemand dans Alternatives économiques, septembre 2006 http://www.alternatives-economiques.fr/lectures/L251/NL251_005.html

Lier le local et le global : quelques initiatives européennes

Groupe de Recherche pour une Stratégie économique alternative (GRESEA)
Il est né en 1978 de la rencontre de responsables d'organisations non gouvernementales de développement, de syndicalistes et d'universitaires. Axée sur l'économie internationale, sa recherche a porté notamment sur les filières de production, sur les nouvelles technologies de l'information, sur la dette du Tiers-Monde, ou encore sur l?émergence des marchés communs régionaux. Lieu de réflexion, d'analyse et de proposition, le GRESEA est également un centre de formation et d'information sur les mécanismes et les acteurs de l'économie internationale et en particulier sur la dimension Nord-Sud de cette dernière.

Le GRESEA vient de créer BELWATCH: un observatoire des pratiques des multinationales actives en Belgique. BELWATCH est une méthode de travail visant à surveiller les entreprises multinationales pour déceler les mauvaises pratiques de certaines d'entre elles : comportement à l'égard des travailleurs, dégâts causés à l'environnement ou infractions commises au regard des dispositions légales, par exemple.

Un des axes de travail est la réflexion et la prise de conscience des enjeux du dossier « Cotonou ».
Le libre-échange est une des notions clés du discours économique dominant actuel. Par « libre-échange », il faut entendre libre circulation des marchandises, services et des capitaux. Les personnes, c'est un autre chapitre, celui de la police des étrangers ! Cette notion occupe une place centrale dans la politique dite de coopération de l'Union européenne (UE) à l'égard de ces anciennes colonies, les 79 pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique). Le volet commercial de l'accord dit de Cotonou (capitale du Bénin où il a été signé en juin 2000) prévoit sous couvert de « développement durable » et « d'insertion harmonieuse dans l?économie mondiale », la création progressive de zones de libre-échange entre l'UE et six groupements ACP définis sur la base d'initiatives existantes en matière d'intégration régionale. Ces futurs accords, compatibles avec les règles de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), mettront un terme à plus de 25 années d'un régime d'échanges préférentiels et non réciproques en faveur des pays ACP. Les négociations de ces nouveaux accords commerciaux, connus sous le vocable d'«Accords de Partenariat Economique » ou APE, sont en cours depuis 2002. Lorsqu'ils seront clôturés, la réciprocité sera progressivement introduite dans les relations commerciales UE-ACP. A moins d'un an et demi de l'échéance 2008, et compte tenu du processus de révision en cours, un numéro spécial « Gresea Échos » y est consacré. Un Cycle de l'Université des Alternatives sur le thème : « Europe - Afrique : un nouvel impérialisme économique en devenir» est organisé en novembre sur la base du contenu du GRESEA Echos. Le programme est disponible sur le site.

En savoir plus : www.gresea.be

Helsinki Citizens' Assembly (HCA)
L'Assemblée européenne des citoyens est la branche française du réseau international

Le réseau européen (HCA) est né en 1990 à Prague d'une volonté d?étendre le dialogue entre les acteurs des sociétés civiles en Europe de l'Est et de l'Ouest, en référence aux "accords d'Helsinki" de 1975 et aux efforts pour développer « par le bas » la coopération et la sécurité en Europe. Depuis sa création, ce réseau oeuvre pour la paix et la résolution pacifique des conflits, la promotion des valeurs démocratiques et le développement d'actions citoyennes dans le monde.
HCA est un réseau d'individus, de mouvements et d?organisations qui comprend plus de 35 comités et groupes nationaux et un grand nombre de sections ou contacts locaux dans plus de trente pays. Ce réseau a développé une activité significative de solidarité avec les démocrates d'Ex-Yougoslavie, mais aussi d'autres régions des Balkans, le Caucase, la Russie, le Maghreb. Au sein d'HCA existe un Réseau HCA-Jeunes qui organise notamment des rencontres réunissant des jeunes issus des Balkans et d'Europe occidentale. Ce Réseau-jeune international s'est doté d'une revue trimestrielle en anglais : The Collage.

HCA organise régulièrement des débats sur des sujets d'actualité. Ainsi, au mois de novembre, deux débats se sont tenus à Paris. Un premier pour débattre des expériences de dialogue entre les sociétés civiles de Turquie et d'Arménie et un second au sujet de la région du Caucase à nouveau en ébullition. Il s'agit de deux sujets d'actualité qui illustrent la nécessité de mettre en place un dialogue citoyen face aux manoeuvres politiques. Dans les deux situations, le tissu de la société civile peine à se maintenir et à renouveler sa stratégie face à la nouvelle donne.

Pour en savoir plus : Aec-diffusion@reseau-ipam.org

Initiatives pour un autre monde est une plate-forme de réseaux (IPAM)

De nouvelles formes de luttes, de nouveaux mouvements s'opposent à la mondialisation ultra-libérale et luttent pour les droits politiques, sociaux et culturels, pour la paix et la démocratie, pour le développement durable, etc. Ces mouvements se sont manifestés lors de rencontres internationales, dans des luttes locales à portée globale et dans les luttes sociales. Ces formes de luttes interviennent le plus souvent dans un contexte marqué par les exactions du libéralisme mais aussi par des situations de guerres quasi permanentes et diffuses qui rompent avec les formes classiques du conflit et qui rendent souvent difficile le travail de discernement nécessaire à la mise en ?uvre d'actions de solidarité. Dans ce contexte, tant la réflexion que les pratiques doivent être revisitées et constamment nourries. Allier la réflexion et l'action en développant des rencontres avec celles et ceux, organisés ou non, qui luttent dans le champ de la solidarité internationale et cherchent à y construire des réponses adéquates est un des objectifs majeurs d'IPAM. La mise en oeuvre de cette stratégie s'appuie sur l'articulation entre les luttes et les résistances, les pratiques sociales émergentes et la réflexion.

Sont membres la HCA, l'AITEC (Association Internationale de Techniciens, Experts et Chercheurs), AMORCES (Agence pour la solidarité internationale, la culture et le développement), le CEDETIM (Centre d'études et d?initiatives de solidarité internationale), le CEDIDELP (Centre de Documentation sur le Développement, les Libertés et la Paix) et ECHANGES et PARTENARIATS (Promouvoir les échanges et les partenariats entre les sociétés civiles) sont fondateurs du réseau IPAM. Leur engagement est fondé sur le partenariat et travail collectif. Les réseaux de partenaires sont composés d'associations de solidarité internationale, d'ONG, d'associations locales, d'associations d'habitants, de groupes citoyens et aussi de syndicats ou encore de collectifs de lutte.

Pour en savoir plus : www.reseau-ipam.org

Réseau des centres de documentation pour le développement durable et la solidarité internationale (RITIMO)

Lancé en mars 2002 par Ritimo (Réseau des centres de documentation pour le développement durable et la solidarité internationale) à l'occasion d'une réunion internationale de centres de documentation, le projet rinoceros a pour objet de créer un espace d'informations internationales pour un développement responsable et solidaire. C'est un espace partagé d'informations qui propose des analyses des sociétés civiles et des mouvements altermondialistes de tous les continents. Ce site utilise les logiciels libres sous licence GNU/GPL. Il est hébergé par Globenet. Il fait paraître en ligne depuis peu « Rinoceros infos ». Le site a d'abord été développé en français. Pour une véritable valorisation internationale des points de vue, les parties anglaise, espagnole et portugaise sont en cours d'alimentation. Il n'y a pas de traduction des informations. Celles-ci sont disponibles dans leur langue originale.

On trouve en ligne : articles, dossiers, sélection de livres et de sites, un annuaire des acteurs du changement, un agenda, une base dexpériences issues du terrain DPH (Dialogues Pour l'Humanité) ; il offre des outils méthodologiques pour retrouver facilement l'information et pour construire collectivement un système d?information pour l?action. Il promeut des campagnes citoyennes internationales pour agir, interpeller, et faire pression.

Pour en savoir plus : http://www.ritimo.org/; http://www.rinoceros.org/ (en français, anglais et espagnol

Sélection et mise en forme des informations : Martine Theveniaut



Nos Bulletins sont disponibles sur le WEB :

http://developpementlocal.blogspot.com/
http://www.apreis.org//

Remerciements
À Évéline Poirier du Canada pour la traduction en anglais
Á Paul Maquet Makédonski et Brunilda Rafael pour la traduction en espagnol

Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca

This page is powered by Blogger. Isn't yours?