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5/31/2006

Bulletin International de Développement Local Durable
Bulletin d'information #29
1 Juin 2006

Sommaire

Message de l'équipe éditoriale

Le tournant d'Agri-Aqua Development Coalition : Mindanao
Développement économique communautaire (DÉC) aux Philippines

Pour une nouvelle vision de l'économie : réinventer l'économie territoriale pour faire de l'économie et des économies !
Vision d'un élu local français

Message de l'équipe éditoriale


Les deux articles qui vous sont proposés sont apparemment très dissemblables, de la grande pauvreté des populations insulaires des Philippines à la dévitalisation des milieux ruraux languedociens du Sud de la France. Et pourtant, chacun à leur manière, témoigne du même constat : la nécessité de s'organiser pour reprendre une autonomie sur le développement économique des territoires où l'on vit, où l'on produit et travaille, où l'on vote.

Ils partent de la réalité des activités et des potentiels de leurs territoires respectifs. Ils s'appuient sur la prise en charge de leur avenir par les communautés, sur le débat démocratique, sur l'implication de l'élu local, et sur la responsabilité que chacun a de prendre pouvoir sur son contexte de vie. Ces deux expériences remettent en question le modèle (le paradigme?) économique dominant supposé générer la richesse et le bien-être de tous!


Équipe éditoriale
Francisco Botelho
Yvon Poirier
Martine Théveniaut

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Le tournant d' Agri-Aqua Development Coalition : Mindanao
Développement économique communautaire (DÉC) aux Philippines

Constituée en 1994 par 120 organisations populaires et coopératives de l'Île de Mindanao, la Coalition de Développement Agri-Aqua (AADC) est issue du Congrès du Peuple pour la Réforme Agraire. Son objectif est de bâtir une coalition paysanne sur les principes de décisions consensuelles, d'action collective et d'unité fondée sur la solidarité. Depuis 2002, AADC a décidé que ses activités de développement économique communautaire (DÉC) seront la pierre d'angle de son organisation communautaire afin de répondre au déclin de l'agriculture et de la pêche dans le sud des Philippines. En effet, la détérioration des revenus agricoles et de la pêche, accroît davantage la pauvreté des populations locales. Depuis cette date, l'AADC orchestre l'interaction entre les unités de gouvernement local (UGL), les organisations populaires (OP) organisées en coalitions locales (CL) et le secteur privé pour développer l'économie locale de façon plus durable, améliorer la qualité de vie des pauvres du milieu rural et augmenter la cohésion sociale de la communauté.

L'organisation d'entreprenariat communautaire (OEC) est au coeur de l'activité du DÉC. Elle prépare les pauvres qui se sont organisés à s'impliquer dans le développement économique local et à réclamer leur juste part des fruits du développement de l'économie locale. Le travail d'OEC est articulé en quatre phases :
· La préparation sociale des organisations populaires locales car le passage à des activités d'entreprenariat est un changement de paradigme.
· La réorganisation coopérative pour plus d'efficacité professionnelle dans les activités économiques.
· La mise au point d'un plan d'affaires et son opérationnalisation : identifier les opportunités d'affaires, les mettre en marche, en partenariat avec les UGL.
· Le réseautage et le partenariat de la coopérative avec le milieu des affaires est la dernière étape du processus. Autant que possible, des contrats sont signés entre la coopérative et les entreprises de transformation ou de mise en marché. À titre d'exemple, une coopérative, constituée de producteurs de caoutchouc, a obtenu un prix nettement meilleur que chaque producteur individuellement. Avec internet, la coopérative est en mesure de connaître les prix mondiaux et la négociation des prix est ainsi plus équilibrée.

« Les résultats confirment que dans les zones rurales en progression, trois facteurs interviennent : une culture de participation dans les organisations locales, des entreprises dont la propriété est locale et le développement d 'une classe moyenne. Le travail d'OEC aide les pauvres à se doter de coopératives et fait la promotion de l'entreprenariat comme stratégie pour le développement économique local ».

L'AADC résume ainsi le sens qu'elle donne à son action : « Le but de l'OEC est d'augmenter le capital financier, humain et social des pauvres, afin qu'ils puissent être partie prenante de la vie économique courante. On ne peut se fier aux seules forces du marché pour que le développement bénéficie aux pauvres. Les forces sociales entrent en jeu à travers la construction du capital social. En tant qu'organisation intermédiaire, l'AADC ne fait pas que faciliter les relations pour l'obtention de ressources pour la réussite et le développement des affaires des coopératives, elle construit des relations solidaires en profondeur parmi la population locale, permettant ainsi l'essor des communautés. Lorsque cela se produit, le bien-être général de la population, incluant les pauvres, est réalisé?

Idéologie :
La terre au laboureur. L'eau municipale exclusivement pour les pêcheurs marginaux. Un environnement propre et vert pour les générations futures. La représentation pour les sous-représentés. L'auto-détermination pour les peuples indigènes. Des opportunités égales pour les hommes et les femmes?

Éthique :
Le travail quotidien d'Agri-Aqua se nourrit de croyances profondes.
1. Le pouvoir provient de la solidarité et de la confiance mutuelle entre ses membres.
2. L'action collective permet à la communauté de s'approcher de ses objectifs de développement.
3. La participation est un exercice de capacitation (empowerment) de la population.
4. La générosité est un chemin durable vers la rectitude et la pureté.
Au dessus de tout, les valeurs suprêmes sont l'amour et la foi, dont l'influence allège les fardeaux de la pauvreté ».

Pour informations supplémentaires : aadc@agriaquamin.org
http://www.agriaquamin.org/ (en anglais seulement)
Par Yvon Poirier


« Pour une nouvelle vision de l'économie : réinventer l'économie territoriale pour faire de l'économie et des économies ! »
Vision d'un élu local français

Eric Andrieu est maire de Villerouge-Termenès, un petit village des Corbières, au sud du département de l'Aude (France), le président du Pays Corbières Minervois, élu au Conseil régional. Ce militant du développement local est aussi président de l'UNADEL (Union nationale des acteurs et des structures du développement local).

Trente années de développement local en France, écrit-il, ont enseigné que l'interventionnisme résistait mal au simple décalque sur un autre territoire sans une réelle réflexion. L'investissement de fonds publics a permis quelques beaux coups de communication au moment des inaugurations, sans bouleverser la dynamique économique d'un territoire.

Parler d'économie sociale et/ou solidaire, d'économie résidentielle, d'économie de la dépense publique, de l'impact des services aux publics sur le dynamisme des territoires, de marque territoriale, du poids des associations, d'agriculture semble bien hétérodoxe, voire peu sérieux. L'économie, telle qu'on nous l'assène, à longueur de journaux, de débats, c'est l'industrie, le CAC 40 (NDLR Indice de la Bourse de Paris), mondialisation et délocalisations, patrons et ouvriers, marxisme et libéralisme, deux faces d'une même médaille. Pourtant, quand un élu territorial baisse les yeux et regarde son territoire, il (re)découvre pléthore d'entreprises sans salariés, artisans et professions libérales, il se rend compte que bon nombre de ses administrés travaillent dans les fonctions publiques d'Etat, territoriale ou hospitalière, il réalise que le festival qu'il soutient, la chambre d'hôte qu'il a contribué à rénover ont un impact économique direct beaucoup plus évident que ce que l'on lui dit être l'économie sérieuse. C?est le paradoxe de cet élu : soit il réalise qu'il n'y a pas d'économie sur son territoire, soit il réalise que l'économie de son territoire n'est pas celle que l'on connaît traditionnellement ! Ainsi agir sur l?économie au plus près des territoires, c'est peut être avant tout conforter, aider à développer l'économie réellement présente.

A l'heure où l'Etat se concentre sur ses missions régaliennes (sans qu'elles aient été réellement redéfinies), redéployer des services publics, au public, à la personne au plus près des territoires peut être un potentiel d'emplois, déterminer une nouvelle organisation des services dits non-marchands peut être source d'économies et d'économie. Les élus des conseils généraux et régionaux peuvent y avoir un rôle prépondérant pour peu qu'ils intègrent bien leur modeste et centrale fonction d'accompagnement des politiques de développement. Là où l'élu de base a du mal à négocier en direct avec les directeurs déconcentrés de tel ou tel service, les présidents du conseil général ou régional peuvent y parvenir, à la condition que ce soit avec un « mandat » des élus des territoires de projets.

Comment stabiliser le niveau de l'intervention publique, tout en imaginant une organisation plus efficiente? Cela passe par un diagnostic territorial participatif, par une volonté des agents et des élus locaux, mais aussi par l'appui, le soutien des conseils généraux ou régionaux, suivant les thématiques. L'action sociale, la santé, la formation, la culture sont autant de domaines où les départements et régions ont d'ores et déjà un rôle majeur et qui ne peut que se développer. Il faut tout à la fois réhabiliter la dépense publique et moderniser sa conception. L'activité économique traditionnelle reste conséquente bien sûr. Mais, elle est l'objet de toutes les attentions, de la plupart des exonérations et l'intervention publique y reste peu évaluée. L'INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) vient de calculer que l'économie sociale représentait, de 10 à 15% de l'emploi salarié. Quant à la fonction publique, qu'elle soit d'Etat, territoriale ou hospitalière, elle représente un peu plus de 20% des actifs. Quant aux chômeurs, ils sont un peu plus de 10% officiellement et probablement plus de 15% si l'on ne fait pas mine de croire que ceux qui travaillent un peu plus d'un tiers temps en sont ravis et sont en pleine activité. Au total, c'est plus de 50% de l'activité salariée, qui est dans cette « non économie ». Les élus, les collectivités territoriales y ont une vraie responsabilité, qu'ils exercent trop peu, préférant succomber aux sirènes de l'économie triomphante. La principale responsabilité d'un élu, d'une collectivité territoriale est de contribuer à maintenir ou développer l'emploi. Il est donc crucial que ces emplois de la « non économie » soient mieux pris en compte.

L'élu a le devoir d'agir, en a-t-il le pouvoir ? Le premier travail de l'élu n'est ni de feindre les pleins pouvoirs sur l'économique, ni de cultiver le renoncement au motif que tout cela nous dépasse. La question du développement économique et de l'emploi, en termes de compétence, restent dans le flou. Il serait peut être temps, en travaillant sur la subsidiarité, de clarifier enfin les rôles et fonctions de chacun. Nos collectivités sont dans une contradiction majeure : nous sommes conduits, au nom de la création d'emplois, à accentuer l'emprise de la logique économique sur la politique et sur la culture, mais, ce faisant, nous occultons le fait que la synergie entre développement économique et développement de la société ne va pas de soi. Il nous faut ainsi veiller à revitaliser la vie démocratique contre les empiètements de l'économie ».

Pour en savoir plus, visitez le site : http://www.unadel.asso.fr/
Résumé d'un article à paraître par Martine Theveniaut

Nos Bulletins sont disponibles sur le WEB :

http://developpementlocal.blogspot.com/
http://www.apreis.org//

Remerciements
À Évéline Poirier du Canada pour la traduction en anglais
Á Anne Vaugelade de France pour la traduction en espagnol

Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca

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