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1/31/2006

Bulletin International de Développement Local Durable
Bulletin d'information #25
1 Février 2006

Sommaire

Message de l'équipe éditoriale

3ème Rencontre Internationale de globalisation de la solidarité (novembre 2005 Dakar)
Renforcer le pouvoir d'agir des peuples

EXPOBRASIL
4e Rencontre annuelle : plus de 2500 participants

Rencontre bilan du Pôle Socio-Économie Solidaire
Éléments pour une vision intégrée de l'ESS



Message de l'équipe éditoriale


L?année 2005 s'est terminée sur une belle séquence de réalisation : Martine Théveniaut et Yvon Poirier ont participé à la 3e Rencontre internationale « Globaliser la solidarité » au Sénégal, Francisco Botelho à la rencontre EXPO-BRASIL.

Au terme de travaux préparatoires, continentaux et organisationnels, échelonnés sur deux ans, la rencontre de Dakar a permis à Martine et à Yvon de vérifier que le « renforcement du pouvoir d'agir » des personnes, des communautés ou des peuples construit progressivement un processus international de promotion d?un autre modèle de développement assorti de propositions. Elles sont maintenant portées dans l'Afrique de l'Ouest et relayées plus ouvertement vers tout le continent africain. Le succès de Dakar 2005 a été est salué par tous. À l'occasion de cette rencontre, de nombreux contacts ont été pris. Ils serviront à ce que ce Bulletin continue dans les prochains mois d?apporter des informations en prise avec une actualité en construction.

En ce début 2006, nous voulons partager avec vous notre ferme volonté de continuer cet engagement pour un monde plus juste et solidaire qui « rend l'espoir plus concret et le désespoir moins convaincant ». L'expression a été formulée lors de la plénière d'ouverture de Dakar 2005 par Michael Lewis du Réseau canadien de développement économique communautaire (RCDÉC) :


Équipe éditoriale
Francisco Botelho
Yvon Poirier
Martine Théveniaut


3ème Rencontre Internationale de globalisation de la solidarité (novembre 2005 Dakar)
Renforcer le pouvoir d'agir des peuples


Le processus a débuté en 1997 à Lima (Pérou), lors d'une première rencontre internationale qui a réuni, non pas la 50ne prévue, mais plus de 200 personnes venues de 21 pays de tous les continents. Il s'agit d'examiner la portée transformatrice des innovations socioéconomiques émanant des communautés les plus démunies. La rencontre débouche sur l'expression d'une vision commune affirmant que l'économie solidaire se caractérise par le fait qu'elle est au service des personnes et non l'inverse. Le processus se poursuit à Québec en 2001. Le mouvement de l'économie sociale est alors en rapide évolution. La 2ème Rencontre internationale connaît le même succès. Elle élargit l'approche de l'économie sociale et solidaire (ESS) par l'analyse du contexte et la reconnaissance de la diversité des situations dans lesquelles elle s'applique avec des terminologies plurielles pour désigner ce courant de pensée et d'action. L'insistance est portée à la fois sur la résistance au modèle néolibéral et sur la poursuite de l'inventivité pour concrétiser son potentiel d'alternative.

Une Commission internationale de liaison (CIL) est constituée à Québec, avec des délégations continentales pour faire circuler l'information, favoriser les liens entre les réseaux nationaux en vue d?une 3ème Rencontre internationale à Dakar (Sénégal) en 2005.

Celle-ci est organisée par le RIPESS (Réseau intercontinental de Promotion de l'Économie sociale et Solidaire). Il a un conseil d?administration décisionnaire qui assume la préparation. La CIL a joué son rôle d?organe consultatif propositionnel, sans moyen spécifique pour se réunir entre deux évènements.

La Rencontre prévoit des plénières et de nombreux ateliers autour de 5 thématiques : finances solidaires, alternatives populaires aux modèles de développement privés et étatiques, développement local, commerce équitable et commerce éthique, promotion de l'ESS. Des caucus thématiques : agriculture, famine au Sahel, femmes, entreprenariat et dynamique coopérative, jeunes, tourisme social et solidaire, débat international, commerce équitable, réemploi (des déchets). Une place importante est accordée aux approches par continents avec différents temps de rencontre débouchant sur des propositions lors des plénières finales. Des évènements parallèles se déroulent : visites d'expériences, panel des gouvernements, village intercontinental du commerce équitable (les exposants africains sont venus en caravane ou convoi d?autobus sur des distances de plusieurs milliers de km), une marche populaire, des animations musicales et d'autres activités encore etc.

La réunion « feedback » du CIL du 27 novembre 2005 « s'accorde pour parler d'un succès qui va au-delà des espérances : en nombre, en qualité, en adéquation du lieu. La mobilisation à la base pour la caravane a constitué un temps fort et concerné de simples habitants qui comprennent bien mieux de quoi il s'agit et seront des diffuseurs une fois de retour ». Des améliorations sont jugées possible dans le format d?organisation: moins de plénières, un temps géré de façon à ce que les différentes rencontres permettent la production des conclusions bien adossées aux contextes et aux contenus pour les synthèses finales en plénières. Des rencontres continentales préparatoires comme celles de Cochabamba en Bolivie et de Bamako au Mali pourraient être généralisé à l?avenir pour obtenir de meilleurs consensus lors de la rencontre proprement dite. Une meilleure communication du RIPESS pourrait permettre d'ouvrir son implantation notamment vers l'Asie dont la présence est restée numériquement faible.

Les attentes africaines sont importantes et la gestion du succès de Dakar constitue un défi. La candidature de la Belgique, dès 2007, ouvre la perspective de prolonger le processus à la fois vers la mise en valeur du potentiel des expériences (nombre, indicateurs, efficience pour satisfaire des besoins laissés pour compte par le système en place), mais aussi vers la structuration internationale du plaidoyer. En effet, l'UE a son siège à Bruxelles, ce qui permet de s'adresser aux instances de l'une des puissances économiques du monde qui s'affirme aussi comme l'une des constructions démocratiques, faisant référence ailleurs dans le monde.

La réussite tient à la construction progressive de l'organisation, en même temps que croît l'audience des idées et des pratiques de l'économie sociale solidaire. Elle tient aussi à la conciliation entre
· La contribution durable de personnes plus spécialement impliquées dans le conseil d'administration ou dans les fonctions de secrétariat d'appui pour construire la gouvernance politique du réseau, capitaliser la connaissance des milieux concernés et de leurs réseaux, celle des raisons d'agir des uns et des autres et ce qu'on peut en attendre, des financeurs potentiels, du bon usage des opportunités pour continuer d'avancer avec pragmatisme sans perdre de vue les objectifs de fond ;
· Le renouvellement des porteurs puisqu'un pays d?accueil, à chaque fois différent, du Nord et du Sud, est organisateur de l'événement, ce qui suppose la mobilisation des forces vives nationales et même continentales pour tirer le meilleur parti de l'opportunité d'accueillir sur son sol un événement international.

Ainsi se conjuguent les énergies. Ceci n'est pas sans rencontrer bien des difficultés dans les faits, mais le résultat de Dakar 2005 est une véritable avancée collective. Des limites sont récurrentes, il ne faut pas les édulcorer car le chemin sera long. Elles résident dans la difficulté de concilier les intérêts particuliers qu'ils soient personnels, locaux et nationaux, avec la définition et l'implication des uns et des autres autour d'un intérêt général, potentiellement différent, avec des règles du jeu et des comportements qui s'y conforment.

Les évènements internationaux, dans la mesure où ils sont appuyés sur des dynamiques socioéconomiques en activité et des mobilisations politiques renouvelées s'inscrivent dans un élargissement de la conscience civique internationale. Ils ont une valeur pédagogique évidente. Ils contribuent à l'élargissement du mouvement et à la formalisation de ses contenus d'idées et de ses formes de gouvernance interne.

L?importance accordée à l'approche continentale est affirmée dans le sigle même du RIPESS : l'intercontinental est préféré à l'international. Ceci traduit une étape significative de la construction du mouvement social.
· La reconnaissance que l'innovation locale est au fondement de l'alternative, sur la base d'un vivier d'inventions adaptées à de nouvelles réponses aux besoins et aspirations, intégrant une dimension de solidarité active et concrète, là où on vit.
· La reconnaissance qu'il faut construire les consensus ou les ententes nécessaires à d'autres échelles pour monter en généralité : sous-régionales, nationales et continentales, là où les approches culturelles sont suffisamment voisines ou compréhensibles et là où des usages de concertation sont déjà installés.
· La reconnaissance qu'il faut aussi mettre en place un rapport de forces international pour obtenir l'augmentation de l'influence de ce courant de pensée et d'action pour espérer transformer les systèmes producteurs d'exclusion. Ceci se traduit à la fois par la relation privilégiée avec la dynamique du Forum social mondial, mais aussi par l'affirmation qu?il faut réussir à l'avenir à « tutoyer les organisations multilatérales et internationales » pour changer le cap.

Par Martine Théveniaut
En concertation avec Yvon Poirier

Note : La déclaration finale est en cours de traduction. Elle sera disponible en trois langues (fr, eng, esp) lors de la publication de cet article à l'adresse http://www.ripess.net/


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EXPOBRASIL

Avec sa 4ième édition, tenue à Fortaleza au mois d?octobre, EXPOBRASIL se confirme comme une grande vitrine du développement local. Mais également comme une nécessité pour les plus de 2.500 participants à chaque édition.

Au Brésil, le mouvement du développement local est très diversifié, un curieux laboratoire d'expériences de participation. Comme disent les Brésiliens : « Dans un pays pauvre et avec tant de problèmes, il ne nous reste que l'imagination ! » Mais c'est plus que ça. Partout, les initiatives se fondent sur la participation des populations dans la résolution de leurs propres problèmes ; dans une intervention territorialisée et dans le partenariat-populations, institutions publiques et privées.

EXPOBRASIL le montre - le gouvernement fédéral, les gouvernements d'état, les banques, les entreprises, y sont également présents afin de montrer leur participation. Mais surtout, des milliers d'acteurs, techniciens et populations engagés, toujours prêts pour entendre les théoriciens mais, surtout, pour sentir qu'ils ne sont pas seuls dans cette lutte, d'autant plus que l'exemple de tous montre que c'est possible de réussir son propre développement.

Dans cette édition d'EXPOBRASIL, étaient présentes des délégations du Portugal, de Cap Vert, de Guinée-Bissau et de Mozambique. Ils étaient là pour participer au 1er Forum de Développement Local en langue portugaise. C?est le point de départ d'une initiative annuelle qui veut rassembler les acteurs de développement local des 8 pays de langue officielle portugaise. C'est le début d'un projet, déjà en cours, d'information et de coopération appelé « Coopérer en portugais ».

Rédaction : Francisco Botelho


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Rencontre bilan du Pôle Socio-Économie Solidaire (PSES)
Éléments pour une vision intégrée de l'ESS


Le PSES, adossé à la Fondation pour le Progrès de l?Homme (FPH) s'est réuni en amont de la 3ème Rencontre « Dakar 2005 » à l?Ecole des Sables de Toubab Dialow (60 km de Dakar), du 19 au 21 novembre 2005. La circonstance a permis à la quarantaine de participants venus de tous les continents de se rencontrer pour se présenter mutuellement les résultats de leurs dix chantiers thématiques organisés autour des alternatives économiques (commerce équitable, monnaie sociale, finance solidaire), de la gouvernance économique (institutions internationales, responsabilité sociale des acteurs économiques, dette écologique, justice environnementale et développement durable), et de thèmes transversaux (vision d'une socio-économie solidaire intégrée, valorisation plurielle de la richesse et indicateurs socioéconomiques, femmes et économie, agenda 21 pour une économie responsable, plurielle et solidaire). Trois invités ont apporté leur expérience de l?ancrage territorial du changement, des agricultures paysannes et de l'observatoire de la finance internationale.
Ce bilan devait tirer les enseignements d'un cycle d'échanges correspondant à une étape de vie du PSES où chaque chantier, de 2001 à 2004, s'est développé selon sa dynamique interne de façon autonome. Il s'agissait donc de tisser des liens transversaux entre porteurs des différentes thématiques, d'aller vers une vision porteuse d?une stratégie commune plus affirmée avant d'engager une autre étape plus autonome vis-à-vis de son principal financeur actuel, la FPH, dont les priorités ont évolué pour 2005 à 2010.

Invitée au titre de l'entrée territoriale, j'ai suivi avec intérêt l?avancée des idées, constaté la notoriété de certains membres actifs du PSES dont le programme de la 3ème Rencontre témoigne. Pour autant, ni la vision intégrée, ni la stratégie d'avenir n'ont fait l'unanimité au terme de ce bilan d'étape. L'arrière-plan culturel a montré la force d?une croyance messianique, chez certains mais pas tous, d'une économie dont on attend qu'elle puisse sauver le monde. De ce fait, les modes d'action ne sont pas envisagé de la même manière par les uns et les autres.

L'entrée par le développement durable reste modeste dans les travaux du PSES. Il est pris sous l'angle de la dette écologique articulée avec le droit. Ce baromètre est potentiellement puissant comme instrument de régulation internationale, car il remet fondamentalement en cause le principe de la soi-disant dette financière des états les plus pauvres envers de (généreux ?) donateurs (du Nord). La dette écologique peut s'appuyer chemin faisant sur tous des cas d'exemple - trop nombreux - pour faire jurisprudence.

La vision intégrée d'économie solidaire reste donc à construire. Les courants de pensée et d'action qui s?en revendiquent, dont le PSES fait partie, avec d'autres, ont à faire face aux conséquences de leur meilleure reconnaissance : Comment passer de systèmes d'action dont la puissance transformatrice réside avant tout dans la capacité de construire des réponses locales à des échelles régionales, nationales, continentales et intercontinentales, à la fois équitables et applicables ? Comment cet espace de réflexion peut-il trouver sa juste place au service du mouvement social qui se reconnaît dans la perspective d'une économie plus solidaire ? Comment ses avancées peuvent-elles faire progresser l'ancrage territorial de l'alternative, sa montée en généralité, sa faisabilité vers le changement global espéré ? Cette oeuvre collective, à co-construire, est à envisager comme une oeuvre de longue haleine. Autant s'y préparer.

Martine Theveniaut
Tous les textes des chantiers du PSES et des invités sont disponibles sur le site http://www.socioeco.org/


Nos Bulletins sont disponibles sur le WEB :

http://developpementlocal.blogspot.com/
http://www.apreis.org//

Remerciements
À Évéline Poirier du Canada pour la traduction en anglais
Á Anne Vaugelade de France pour la traduction en espagnol

Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca

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