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4/01/2010

Bulletin International de Développement Local Durable
Bulletin d’information #67
1ier Avril 2010

Sommaire

Message de l’équipe éditoriale

Le Symposium du Réseau Urgenci International Network, Kobé (Japon) 2010: La nourriture et l’agriculture soutenue par la Communauté

Économie solidaire au Népal



Message de l’équipe éditoriale
L’Asie présente une riche variété d’initiatives en développement local et communautaire, d’économie sociale et solidaire.

Dans ce numéro, Judith Hitchman nous partage le résultat de sa participation à la rencontre du réseau URGENCI qui s’est tenu au Japon. D’autre part, Yvon Poirier participait à une rencontre du Réseau d’Économie Solidaire du Népal, réseau en construction.

Dans les cas, des visites terrain ont permis de constater la richesse et la force d’une économie plus communautaire, axée sur les besoins de la population.

Équipe éditoriale
Judith Hitchman
Yvon Poirier
Martine Theveniaut

Le Symposium du Réseau Urgenci International Network, Kobé (Japon) 2010: La nourriture et l’agriculture soutenue par la Communauté
Historique
Avec la continuation de la crise économique, financière, sociale et environnementale mondiale, la pertinence des actions locales est plus grande que jamais. L’importance de la souveraineté alimentaire pour les communautés a pris un nouveau sens. Mais l’Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC) n’a rien de nouveau. Le concept a été initialement conçu au Japon au début des années 1970s, pour tenter d’assurer une nourriture saine et biologique à une époque où l’a pollution par le mercure a provoqué la maladie Minemata, le lait maternel empoisonnait les enfants, et la pollution provoquait de graves dégâts d’une manière générale. Trois initiatives se sont réunies, largement sous l’impulsion de Yoshinori Kaneko, pour donner naissance au système Teikei japonais. Un phénomène similaire est né au même moment en Suisse, sans lien apparent. Comme le dit si justement Elizabeth Henderson, un des personnages clés dans le domaine de l’ASC et la lutte mondiale pour les partenariats solidaires entre producteurs et consommateurs: “Un siècle de ‘développement’ a brisé le lien entre les gens et la terre qui produit leur alimentation, et cela dans bien de pays au Nord comme au Sud. Quelques décennies de libre commerce ont suffi pour acculer les petites exploitations familiales et rendre les paysans désespérés. Une longue série de scandales alimentaires - les maladies provoquées par les pathogènes dans les aliments, le lait et les autres produits contaminés par les OGMs et polluants chimiques - ont provoqué des crises de confiance dans les aliments importés des exploitations industrielles. «LASC nous permet un retour à une approche d’ensemble, à la santé et à la rentabilité économique».

Le réseau d’Urgenci International relie beaucoup de réseaux nationaux de partenariats entre consommateurs et producteurs des différents pays du monde entier. L’objectif central est de disséminer et de promouvoir le concept de l’Agriculture Soutenue par la Communauté, ainsi que les questions contiguës, telle la préservation de la biodiversité, l’accès à la terre et des concepts similaires, comme les marchés fermiers. La situation mondiale actuelle favorise le développement naturel de ce phénomène, et cela représente une partie vitale d’une nouvelle économie solidaire.

Une étude de cas exemplaire: les autorités locales de Tamba City montent au créneau.
La culture japonaise est largement ancrée dans les concepts de l’harmonie et de la paix; cela relève d’un sacré défi dans un pays où 21 pour cent de la population est âgée de plus de 65 ans, où un nombre croissant de terres agricoles sont en friche, plus de nourriture industrielle importée, les jeunes qui migrent des communautés rurales vers les styles de vie urbains... Mais la nourriture joue un rôle très central dans le style de vie des Japonais, et représente une des cuisine les plus raffinées du monde.

Nous avons eu l’opportunité unique d’effectuer une visite de terrain à l’initiative locale de Tamba City, avant le symposium de Kobé. Tamba City est le résultat de la fusion de 6 villes différentes, il y a quelques années de cela. La population est de 71,000 et la ville se trouve à une heure environ de Kobé, dans la Préfecture de Hyogo. C’est là que Shinji Hashimoto, un des membres du Comité International du Réseau Urgenci vit et cultive ses terres. La région est réputée pour les paysages dramatiques et son excellente nourriture.

De manière à développer le système Teikei, et relever certains des défis évoqués, Shinji a été largement responsable de convaincre les Autorités Locales de soutenir financièrement l’installation sur des terres agricoles d’une vingtaine de jeunes de différentes villes. Il a aidé l’initiation d’un système d’apprentissage qui leur permet d’acquérir leur nouveau métier, en alternant entre stages chez un agriculteur expérimenté et le travail sur leurs propres exploitations où ils louent les terres. Cette initiative a déjà fait ses preuves, avec plus de mille consommateurs qui bénéficient des paniers, et un accès à des fruits et légumes biologiques à des prix raisonnables durant dix mois de l’année.

Les producteurs et consommateurs impliqués dans le projet nous ont préparé un des banquets les plus fins que j’ai jamais mangé, en n’utilisant que des produits locaux, et le tout cuisiné par les membres du groupe Teikei. Les allocutions cérémonielles étaient fortes émouvantes, avec le Maire et les autres personnalités locales qui offraient leurs félicitations aux agriculteurs et aux visiteurs venus nombreux d’ailleurs. Les agriculteurs se sont tous présentés au groupe, ainsi que leur projet individuel. La plupart avaient délaissé des emplois dans des usines pour s’installer dans une vie rurale et servir leur communauté en produisant une nourriture saine.

Se servir de la nature en la préservant
La recherche d’une vie harmonieuse déjà évoquée dans cet article s’illustre bien à travers la méthode de cultiver le riz tout en préservant les zones humides: les rizières sont peuplées de canards. Ils font du nettoyage, apportent un engrais naturel et produisent une viande saine. La grande grue orientale (konotori), un oiseau très sensible à la pollution, avait disparu du Japon quand l’agriculture “moderne” a tué les grenouilles, poissons et autres animaux des zones humides. Le dernier oiseau s’est éteint près de Kinosaki en 1971.

Le Parc naturel de Konotori no Sato a été conçu afin de réintroduire les grues au Japon, avec des oiseaux importés de Russie. Les grues sont maintenant une espèce désignée protégée par le gouvernement, et sont devenus le symbole de la région de Tajima autour de Kinosaki, où j’ai passé plusieurs jours, et où même l’aéroport local est nommé en leur honneur (Konotori Takima Airport).

À 10 kilomètres au sud de Kinosaki se trouve la réserve naturelle de Konotori no Sato. Il s’agit d’un musée et aussi d’une réserve où les visiteurs peuvent apprendre la vie des grues, le programme d’élevage et de conservation et également observer les oiseaux dans leur habitat naturel.

Le but du programme se réalise au fur et à mesure que les agriculteurs locaux modifient leurs pratiques agricoles pour préserver les zones humides et les grues reprennent leur vie dans la nature. En mai 2007, pour la première fois depuis 1964, un petit s’est éclos dans la nature. Les parents nés au Parc avaient repris leur vie dans la nature. Les agriculteurs de la région sont très fiers de leurs grues, et à juste titre!

Défis et menaces
Un défi majeur auquel toutes les formes de production d’alternatives économiques se trouvent confrontées est celui des standards et de la qualité; ceci est particulièrement vrai pour la nourriture. Dans un monde où l’industrie agroalimentaire transnationale a imposé des coûts de certification prohibitive pour les petits producteurs, il y a un risque d’exclusion du marché. Le système de la certification participative (participatory guarantee system, ou PGS), tel que Nature et Progrès en France, apporte cependant une réponse. Il existe un système analogue au Japon. Une menace bien plus insidieuse est la production à l’échelle industrielle des aliments biologiques, un moyen pour les entreprises transnationales de se saisir du créneau de marché du nombre grandissant de public qui a compris les dangers des OGMs et des pesticides, mais qui ne sait pas distinguer entre la biologique industrielle et les produits de l’agriculture paysanne, et qui ne voit que l’attractivité des prix moindres pratiqués par les supermarchés. Il me semble important d’augmenter la prise de conscience sur cette question.

Changer d’échelle en gardant l’approche locale et la construction des réseaux
Comme dans tant d’études de cas illustrés par les articles de ce journal, le système Teikei et les autres approches de l’ASC (AMAP en France, GAS en Italie, les marchés fermiers en Grande-Bretagne, Équiterre au Québec, Vodelsteams en Belgique, Reciproco au Portugal...) sont tout basés sur une approche de développement local durable. Une nourriture locale, des emplois locaux, moins de pétrole, moins de “food miles”... Pour citer Elizabeth Henderson: “Chaque projet de nourriture locale prend sa forme à partir des goûts, des talents, des besoins et des ressources de ses créateurs. Plus nous apprenons les uns des autres, plus nous nous soutenons mutuellement, plus rapidement nous allons avancer vers des communautés durables et paisibles”. Pour ce faire, le Réseau International Urgenci compte continuer à disséminer le concept de Partenariats Locaux Solidaires entre Producteurs et Consommateurs, et de construire des alliances et des partenariats avec d’autres réseaux pour renforcer la capacité de la société civile à lutter contre les crises multiples.

L’auteur est interprète et militante auprès d’URGENCI
Article original en anglais
http://www.urgenci.net/



Économie solidaire au Népal


Le 4 mars dernier, le réseau Solidarity Economy Network (SEN-Nepal), réseau présentement en construction, organisait un atelier afin de mieux comprendre les origines des différents concepts tels que l’économie sociale et l’économie solidaire, l’histoire du mouvement de l’ESS, les enjeux globaux actuels, ainsi que les défis du réseautage. Environ trente (30) personnes, en provenance de plus de vingt (20) organisations, participaient à l’atelier. Parmi ces organisations, il y avait des entreprises d’économie sociale tels que des coopératives dans l’agriculture et dans l’épargne et le crédit, une association nationale de groupes d’usagers de la forêt, de la micro-finance, des organisations de commerce équitable et des groupes de plaidoyers, etc.

Pour la circonstance, le comité de coordination provisoire du réseau m’avait invité afin de faire une présentation pour répondre aux objectifs fixés. D’autre part, comme plusieurs organisations participaient pour la première fois à une rencontre du réseau (la réunion la plus importante à date), le comité de coordination présentait son plan d’action de l’année. Entre autres, il est prévu de se faire connaître et reconnaître, notamment dans les médias. Diverses opportunités se présentent pour l’avancement de l’économie sociale et solidaire. Le rétablissement de la démocratie, avec l’abdication forcée du roi en 2006, et la fin de l’insurrection armée, crée une situation qui sera plus propice. L’Assemblée constituante élue en 2008 doit adopter une nouvelle constitution avant la fin mai prochain. Avec l’établissement d’une république fédérale, et des élections qui suivront, le Népal se mettra à l’œuvre afin reconstruire une économie répondant aux besoins urgents de la population. Ainsi, la situation est de plus en plus propice pour proposer l’inclusion de l’économie solidaire dans les politiques publiques.

À la demande des organisateurs de l’atelier, le Centre d’études et de coopération internationale (CECI), une ONG internationale canadienne, par le biais d’une mission court terme dans le cadre du programme UNITERRA, assumait les coûts de ma participation.

Je ne saurais terminer ce court article sans mentionner l’importance d’une vaste organisation d’usagers de la forêt que je connais depuis 2005 (rencontré une première fois lors du Forum social mondial de janvier 2005). La FECOFUN (Federation of Community Forestry Users, Nepal) regroupe 12 500 groupes d’usagers (qui se sont fait confier la forêt), ce qui représente au total 1,7 million de familles, soit environ 9 million de personnes. En considérant que la population du Népal est de 28 millions, c’est donc 1/3 de la population du pays qui est membre de l’association. Cette association, qui se reconnaît de l’économie solidaire, est de loin la plus importante association de la société civile du Népal. De plus, ils sont actifs dans une organisation internationale de gestion écologique de la forêt, soit la Forest Stewardship Council (FSC), une organisation de certification internationale dédiée à une gestion responsable de la forêt.

Mes remerciements à Sunil Chitrakar de Fair Trade Group Népal, et membre du Conseil d’administration du RIPESS, pour l’organisation de ma participation à l’atelier et au CECI, bureau du Népal pour l’accueil et le support.

L’auteur est membre du Comité international du
RCDÉC (Réseau canadien de développement économique communautaire)
et Comité international du Chantier de l’économie sociale du Québec

Pour informations :
http://www.fecofun.org/
http://www.fsc.org/


Nos Bulletins sont disponibles sur le WEB :http://developpementlocal.blogspot.com/
www.apreis.org/

Remerciements à nos traducteurs :
Évéline Poirier (Canada) et Judith Hitchman (France) pour l’anglais, Brunilda Rafael (France) pour l’espagnol et Michel Colin (Brésil) pour le portugais.

Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca

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