<$BlogRSDUrl$>

5/01/2005

Bulletin #18 

Bulletin International de Développement Local Durable
Bulletin d'information #18
1 Mai 2005

Sommaire

Message de l'équipe éditoriale

Année internationale du microcrédit

La microfinance et la lutte contre la pauvreté
Article publié aux Philippines

L'action de l'ONG CARE
Une approche multisectorielle du développement

Annonces
Mise à jour du site WEB APRIES
Conférence LEED en développement local



Message de l'équipe éditoriale

L'année 2005 est déclarée Année internationale du microcrédit. Le microcrédit est un outil fort utile, mais insuffisant, à lui tout seul, pour s'attaquer aux racines multidimensionnelles de la pauvreté. Il faut une approche globale des initiatives économiques, politiques, culturelles, sociales, écologiques, humaines et spirituelles, territorialement intégrées, à la fois adaptées aux territoires de vie des gens, et reliées à une vision organisatrice d'ensemble, pour espérer y parvenir.

L'équipe éditoriale se retrouve dans l'analyse de cet article de Nicanor Perlas et la propose comme contribution au débat.

Considérons qu'il s'agit de notre message du 1er mai.

Équipe éditoriale
Francisco Botelho
Yvon Poirier
Martine Théveniaut

*******************************************
Le «Complexe - Pauvreté», la Microfinance stratégique et la Triarticulation sociale
par Nicanor Perlas, Éditeur en chef
Editorial paru dans ThruthForce ! le 2 avril 2005
http://www.truthforce.info/

Traduction Yvon Poirier

Après des débuts modestes au Bangladesh dans les années 70, le microcrédit est devenu un phénomène global. Mohamed Yunus, qui l'a instauré pour les femmes économiquement pauvres, ne se rendait pas compte qu'il serait l'une des principales stratégies du millénium de l'ONU. Le microcrédit, à lui seul, ne résoudra pas le problème de pauvreté. La survie économique seule ne permettra pas aux pauvres de développer leur plein potentiel humain et leurs communautés. La pauvreté est multidimensionnelle. La dimension économique est la plus évidente (manque de travail, insuffisance de capitaux, bas revenus, infrastructures de marché déficientes et ainsi de suite). La situation est aggravée par un environnement politique qui favorise les riches, au lieu d'aider les pauvres. La culture d'un pays est souvent défavorable aux pauvres, comme dans le secteur de l'éducation et des normes comportementales qui sont patriarcales. La malnutrition, la maladie, le logement insatisfaisant et le manque de sécurité pour son avenir est un défi pour le développement humain. Les pauvres, particulièrement dans les villes, vivent dans une misère noire et sont sujets aux effets toxiques de la pollution aggravés par un manque d'accès à l'eau propre et à l'énergie. Souvent la combinaison de ces problèmes mène à une culture de silence et de défaite dans l'esprit des pauvres. Ainsi il est évident que si le microcrédit est un bon début, il n'est pas suffisant pour résoudre les défis écologiques, politiques, culturels, sociaux et spirituels qui harcèlent les pauvres.

L'annonce, le 31 mars 2005, par le Conseil de microfinance de Mindanao (MMC) d?une résolution engageant ses membres à poursuivre "le développement social" est donc une bonne nouvelle. Car elle encourage les 65 membres institutionnels du Conseil à augmenter leurs services au delà de microcrédit pour inclure les services de santé, d'éducation, de logement, d'infrastructures, d'assurance, et d'autres formes de services pour les pauvres. En bref, le Conseil a embrassé l'idée de microfinance stratégique, au lieu du microcrédit simple. La microfinance stratégique est une réponse créatrice puissante au défi du « complexe-pauvreté» (pobreza-complexo, en portugais) opprimant les pauvres. Le Conseil a déjà mobilisé plusieurs milliards de pesos pour servir plus de 300.000 pauvres entreprenants, dans plus de 85% des villes de Mindanao, cette deuxième grande île où vivent des millions de Philippins. On peut déjà envisager l'impact profond de cette mesure. Il faut toutefois un mot d'avertissement. Pour promouvoir la microfinance stratégique, les banques et autres institutions financières devraient apprendre à différencier entre un projet économique et une initiative culturelle. Servir les besoins éducatifs des pauvres est une activité culturelle. Si une banque décide d'installer des écoles, alors elle perdra son focus et entrera dans un secteur où elle n'a aucune expertise. En outre, elle risquera de «commercialiser» le processus éducatif et de le soumettre aux critères financiers de rentabilité. Le résultat final serait alors la réduction de la qualité de l'éducation et, par conséquent, du développement humain.

Afin de faire face à ce défi, les institutions de microfinance (IMF), y compris les banques, doivent développer des alliances stratégiques avec les organismes de la société civile qui sont les principales institutions culturelles ; par exemple développer des partenariats avec des écoles existantes et trouver comment travailler ensemble dans des initiatives communes, salutaires aux deux, et finalement, à l'avantage des économiquement pauvres. Les IMF peuvent également établir des arrangements semblables pour la malnutrition, la santé, et la régénération écologique. Cette résolution encourageante du Conseil de microfinance de Mindanao (MMC) n'est pas unique. Déjà, People's Credit and Finance Corporation (PCFC), le plus grand bailleur de fonds des IMF aux Philippines, encourage ses partenaires dans quatre autres régions des Philippines à poursuivre leurs activités microcrédit, en y ajoutant des stratégies comprenant le développement social et finalement, le cadre encore plus large du développement soutenable intégral (DSI). La direction de PCFC et de MMC a demandé au Rédacteur en chef de « TruthForce! » de présenter le développement soutenable intégral comme cadre pour la microfinance stratégique lors de sa réunion récente des partenaires dans la ville de Davao, Mindanao.

Ce développement montre également la puissance opérationnelle de la triarticulation sociale. Il n'est pas possible de résoudre le «complexe-pauvreté» sans mobiliser la participation stratégique des trois principaux acteurs sociétaux de n'importe quelle société : affaires, gouvernement, et société civile. Car la lutte contre le «complexe-pauvreté » exige la mobilisation de la société toute entière. L'échec de décennies de lutte contre la pauvreté est là pour témoigner que les approches fragmentaires ne réussissent pas. Le milieu des affaires peut mobiliser les ressources financières, les marchés et les talents. Le gouvernement peut « harnacher » des capitaux et mettre en place des politiques pour créer un environnement qui stimule la microfinance stratégique. La société civile peut activer la puissance culturelle, le capital social et écologique, grâce à sa capacité prouvée de mobiliser les communautés pour créer un meilleur futur. Quand ils viennent ensemble dans une initiative stratégique de microfinance, ils peuvent transformer le «complexe-pauvreté » en une occasion pour que les pauvres soient les agents principaux de leur propre développement. La PCFC est une société qui appartient à l?Etat, sujet aux buts et aux objectifs de la politique de gouvernement. Mais PCFC s'est isolé des manoeuvres politiques et a livré, sur une base professionnelle, P2.8 milliards en prêts à ses associés, les 199 IMF partenaires. Par un effet de levier de ses prêts, PCFC a mobilisé au total plus P5 milliard en ressources financières de la part de ses IMF partenaires, sans parler du travail dévoué des 5000 salariés du réseau. Ensemble, les cinq conseils régionaux partenaires de microfinance du PCFC réalisent la plus grande partie des services de microfinance aux Philippines, en servant plus de 1.4 millions de pauvres entreprenants et leurs familles. De plus en plus, un nombre significatif de ces IMF développent des associations stratégiques avec la société civile pour répondre aux autres aspects du « complexe-pauvreté ».

C'est la puissance de la triarticulation sociale en action. La résolution du Conseil de Microfinance de Mindanao est un microcosme des développements globaux. Les IMF en Asie, en Afrique et en Amérique latine adoptent de plus en plus l'approche de la microfinance stratégique. A partir de là, il ne reste qu'un pas à franchir avant que les IMF poursuivent finalement le développement soutenable intégral et la triarticulation sociale. Quand ceci se produira, le «complexe-pauvreté » disparaîtra sûrement, libérant les milliards d'êtres humains qu'il emprisonne, libérés pour contribuer de manière constructive à leur propre développement et celui de la planète.


L'action de l?ONG CARE

Elle compte 12 agences nationales, coordonnées par un Secrétariat International basé à Bruxelles. Le Secrétariat dispose de bureaux de représentation à Genève et New York pour faire entendre de manière concertée la voix du réseau et des bénéficiaires auprès des institutions internationales. Care a fait le choix de la décentralisation et du développement des compétences locales. Les structures sur le terrain sont autonomes.

CARE développe des programmes définis dans « une approche multisectorielle ».
Le développement urbain recherche de solutions concrètes répondant aux besoins prioritaires des quartiers, favorisant le développement participatif des habitants et la prise en charge de la gestion quotidienne par la communauté. L'approche est multisectorielle : accès à l'éducation, à l'eau et à l'assainissement, à l'emploi et à la santé.

Le développement de petites activités économiques se base sur trois axes : les services financiers (crédit, épargne) ; les services nécessaires au développement de l'activité (tenue des livres comptables, contrôle de gestion, informatique, formation technique, planification des achats et inventaire) ; le lancement et la dynamisation d?organisations de micro-financement locales (banques rurales, associations féminines d'épargne et de prêts). 80% des programmes de Développement de petites activités économiques (DPAE) comportent des volets crédit et épargne. Ils représentent un portefeuille total de fonds disponibles pour des prêts de plus de 10 millions de dollars. La majorité de ces programmes utilisent des méthodes de « prêt par les pairs », qui sont spécifiquement adaptées au groupe cible et au milieu dans lequel va se dérouler le projet.

La sécurité alimentaire : Elle est définie par la FAO, comme une situation dans laquelle "chacun peut accéder en toute circonstance à une alimentation sûre et nutritive lui permettant de mener une vie saine et active". Les projets sont définis avec les populations locales après étude les conditions qui influent sur la stabilité et le caractère durable de l'approvisionnement.

Les droits de la personne humaine sont un volet à part entière de l'activité de CARE. Les solutions innovatrices pour mettre fin à la pauvreté supposent de lutter contre la discrimination sous toutes ces formes, d?influencer les politiques pour atteindre des changements durables. Un dialogue constructif est suivi avec les autorités coutumières, nationales ou internationales pour faire évoluer les situations ; témoigner, informer et convaincre.

Site internet : http://www.carefrance.org/ ; : http://www.care.org/ ; http://www.careusa.org/ , http://www.care.ca/

Martine Théveniaut

Annonces

APRIES
Le site Web http://www.apries.org/ a été mis à jour. Nos bulletins y apparaissent. Nous désirons remercier Léo Dayan, responsable d?APREIS, pour le soutien à notre initiative en plaçant nos textes sur le WEB.

CONFÉRENCE LEED-OCDE

Le centre LEED de Trento en Italie organise du 6 au 8 juin 2005 une conférence ayant pour titre : LOCAL DEVELOPMENT AND GOVERNANCE IN CENTRAL, EAST AND SOUTH-EAST EUROPE

Pour informations :
http://www.oecd.org/

********************************************
Nos Bulletins sont disponibles sur le WEB :

http://developpementlocal.blogspot.com/
http://www.apreis.org//

Remerciements
À Évéline Poirier du Canada pour la traduction en anglais

Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca

This page is powered by Blogger. Isn't yours?