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10/01/2006

Bulletin International de Développement Local Durable 

Bulletin d?information #32 - 1 Octobre 2006


Sommaire

Message de l?équipe éditoriale

Développement Social Durable et le Réseautage
Contribution de Rosemary Gomes (Brésil)

Nouvelles politiques d?aide au développement
Impacts sur le développement local durable

Deux brèves informations
La Maison de la Citoyenneté mondiale de Mulhouse (France)
Katrina un an après: mobilisation populaire pour affirmer le droit au retour

Message de l?équipe éditoriale

Le dernier numéro a suscité plusieurs commentaires positifs et encourageants à propos des articles traitant du réseautage.

Rosemary Gomes du Forum brésilien d?économie solidaire (FBES) nous a fait parvenir un texte en portugais, ainsi qu?à plusieurs listes de diffusion au Brésil et en Amérique latine. Nous reproduisons ce texte car il apporte des commentaires et questionnements très pertinents.Le texte met l?accent sur le caractère essentiel de la circulation d?une information directement élaborée à partir des pratiques sociales des acteurs. Elle est ainsi porteuse d?une valeur d?exemple pour d?autres.

Mais plus encore, il met l?accent sur l?importance d?apprendre à communiquer sur l?essentiel dans des termes compréhensibles de tous les publics, pour rapprocher les points de vue, au-delà des idéologies : dans les relations Sud et Nord, mais aussi pour faciliter le fait que des relations s?installent de façon pérenne entre acteurs du Sud et du Sud, ce que le Bulletin porte aussi comme intention. En effet, l?information, quand elle est appropriée par les acteurs de base, est un bien qui se multiplie en se partageant et qui fait grandir le pouvoir d?action.

Le texte de Rosemary Gomes ouvre de ce point de vue une perspective de dialogue intéressante et courageuse par sa lucidité. Il faut l?en féliciter.D?autre part, nous désirons porter votre attention sur l?impact majeur de la Déclaration de Paris sur les politiques de développement. Si ce n?est déjà fait, nous souhaitons que les organisations du développement local, de l?économie sociale et solidaire s?approprient ce débat, car il y a un grave danger pour le rôle de la société civile dans le développement.

Nous SUSPENDONS INDÉFINIMENT la parution du Bulletin en espagnol. Ainsi, nous réitérons notre appel à des personnes bénévoles, notamment pour la traduction vers l?espagnol.

Francisco Botelho
Yvon Poirier
Martine Théveniaut

Développement Social Durable et le Réseautage

Contribution de Rosemary Gomes (Brésil)

Le Bulletin international sur le développement local durable dans sa dernière édition (#31), lance des questions importantes pour l?actualité de nos débats concernant les Réseaux et pour les acteurs sociaux qui vivent ? agissent ? militent en leur sein.

Il mérite une lecture attentive de la part de tous ceux* qui suivent le développement des méthodologies de la vie en réseau et la multiplicité des formes qu?elles ont assumé ces dernières années, surtout en Amérique Latine.* qui se préoccupent de la meilleure façon de renforcer notre camp, toujours caractérisé par sa diversité (d?acteurs, de « drapeaux », de causes, de mouvements sociaux?)* qui veulent éviter la fragmentation, la multiplication des structures et le dédoublement en investissements financiers et humains.

Des défis majeurs

Nous croyons que nous pouvons effectivement travailler ensemble. La complémentarité et l?intégration (qu?elle soit inter, intra or supra) nous permettra de beaucoup progresser, non pas parce que c?est agréable d?être solidaire, mais parce que c?est seulement en conjuguant nos efforts que nous arriverons à produire des changements dans la réalité.Cette politisation nous éloigne de l?assistance, des pratiques d?aide. L?écho du Sud parle de radicalisation? celui du Nord de travailler en direction des institutions internationales. Mais, au Sud, il y a également des acteurs qui aspirent à faire la promotion, voire à participer à la conception des nouvelles approches. La nécessité de produire des alternatives réelles à la globalisation conduit à ce que des dynamiques très distinctes se rejoignent.Pour un défi si important comme celui de globaliser la solidarité, je crois que nous devrions agir également pour que les secteurs coopératifs de production soient convaincus ? et même conquis ? par la volonté de travailler à des relations de coopération internationale, d?un nouveau type. Faire que les producteurs se perçoivent comme des acteurs de développement, et pas seulement comme des producteurs ou des consommateurs. Des producteurs qui se perçoivent aussi des entités porteuses de droits, de devoirs, et de force pour construire de nouveaux territoires, de nouveaux marchés. Il faut en finir avec le mythe existant du Marché auquel il faut participer. Il faut montrer les expériences où les marchés sont nés de la volonté des relations économiques éthiques et solidaires. Ça ne se passe pas spontanément, et c?est là qu?intervient le rôle des ONG, dans les processus de Réseaux et de Forums internationaux.

L?information : une question cruciale

Le thème d?une communication constante, fluide (dans nos diverses langues et dialectes), transparente, fréquente, pourrait apporter petit à petit une plus grande pérennité aux processus, en dehors des moments de rencontres dans les Évènements. Mais qui finance de tels dialogues qui ne sont pas bilatéraux ? Tout particulièrement du Sud vers le Sud ?Il est également important de spécifier et de mettre en évidence que la communication n?est pas seulement l?information ou la connexion.L?information peut se transmettre, être utilisée et abandonnée, tout dépend de l?usage qu?on fait d?elle. Alors apparaît la nécessité de promouvoir dans les Réseaux une formation à l?usage des nouvelles Technologies d?information et de communication (TIC), car elle n?est pas faite adéquatement pour ceux qui peuvent le faire excellemment. Il manque toujours du temps, du dévouement et, surtout, du financement pour cette formation dans l?usage de ces instruments.Cette année, avec l?usage des GNU (gratuciel), on a fait des choses fantastiques adressées à l?économie solidaire, mais ils n?ont pas été complètement appropriés par les usagers que ce soit les coopératives, ou les jeunes gens qui développent?Il serait nécessaire de définir une (re)signification du concept d?information dans l?ère du digital et de l?informatique.

La vie des réseaux

Les Réseaux ont autant besoin de rencontres directes que de mécanismes de communication, de créer des liens de confiance, de se regarder face en face, ?il à ?il, de voir les produits, d?apprendre les techniques, de connaître la position de chacun? L?utilisation de Skype et les téléconférences ont facilité les choses et ont économisé beaucoup les ressources.Ceux qui utilisent et maîtrisent ces nouveaux instruments sont encore peu nombreux, soit par incapacité technique, soit parce qu?ils ne sont pas à l?aise. Il y a encore des limitations humaines à surpasser.Mais il est prioritaire de décentraliser les informations, car autrement les élites et « les experts » seulement continueront d?être toujours bien informés.Que pensent nos leaders de la production de l?Autre Mondialisation? Qu?est ce que nous manque pour lancer une campagne, un ?drapeau?, une cause (je sais qu?il en existe beaucoup - mais nous avons besoin de prioriser et pratiquer cet internationalisme). Je suis sûre qu?il ne manquerait pas de bras, de jambes, de voix, partout dans les cinq continents ? il manque seulement une direction politique du processus. Moins se préoccuper de texte sur papier de la plateforme internationale ? elle a déjà notre accord minimum ? que commencer à nous unir dans des actions concrètes.Une partie de la politisation passe par la nécessité de combattre, en interne, nos ambivalences. Des thèmes comme le modèle de consommation, soit au Nord ou au Sud, sont souvent contournés parce qu?ils génèrent des impasses... L?Économie Solidaire devrait-elle prendre une forme plus radicale afin de construire un autre modèle de production ou poursuivre dans la voie de mitiger les conséquences d?un modèle insoutenable ? Et la question de la précarité des droits sociaux dans les entreprises solidaires? Nous parlons toujours dans les documents de la défense des droits économiques et sociaux. Qu?est ce que ça signifie dans l?économie solidaire? Et le thème du financement du développement?

Quel est notre agenda du développement, cet agenda a-t-il un Nord et un Sud? Le moment de travailler les interactions ou interrelations entre les Réseaux n?est-il pas arrivé ?

Ces questions, ces doutes sont renforcés par la lecture de ce Bulletin.Rosemary GomesFASE, FBES, FACES - Brasilrgomes@fase.org.br

Nouvelles politiques d?aide au développement

Impacts sur le développement local durable

Un débat important est présentement en cours dans l?ensemble du secteur de l?aide au développement à la suite de l?adoption de la Déclaration de Paris en mars 2005

Les dispositions de la Déclaration de Paris

À cette occasion, plus de 90 pays donateurs et des agences multilatérales, ont adoptés cette Déclaration sur l?efficacité de l?aide. La Déclaration de Paris se veut un pas majeur de la communauté internationale pour réformer les modalités de l'aide et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement (ODM).

« Nous reconnaissons que si l'atteinte de ces objectifs suppose un accroissement des volumes d'aide... une augmentation significative de l'efficacité de l'aide est également nécessaire.» - Déclaration de Paris

Cette Déclaration affirme cinq principes d'efficacité de l'aide : prise en charge du développement par les pays recevant l'aide; alignement sur les stratégies, les procédures et les institutions de ces pays; harmonisation et simplification des mécanismes d'aide; gestion axée sur les résultats; imputabilité conjointe en regard de ces résultats.

À première vue, ces principes semblent positifs car ils mettent un peu d?ordre dans les approches d?aide, et normalement elles forcent les pays récipiendaires à améliorer la transparence, une meilleure gestion, etc. Ainsi, la communauté des ONG internationales a été d?accord avec ces principes.

Des impacts contrastés

Toutefois, la Déclaration de Paris comporte des lacunes graves qui ont des impacts de plus en plus importants, dont un certain nombre d?effets pervers et négatifs. Un premier effet significatif est apparu par une baisse importante des budgets disponibles pour des projets gérés par les ONG internationales. Comme les Agences des différents pays transfèrent directement les fonds au pays récipiendaires, les programmes d?appui à la société civile, à l?organisation communautaire et au développement local se réduisent énormément (souvent de plus de 50%). Ce qui n?est pas surprenant, la Déclaration de Paris n?évoque pas une seule fois le concept de société civile.Dans certains cas, ces nouvelles politiques d?aide aggravent des problèmes déjà existants. Ainsi, lors de l?Université d?été organisée par le Groupe d?économie solidaire du Québec (GESQ) en juin dernier, des représentants d?ONG nous ont indiqués que les pratiques de corruption dans certains pays récipiendaires, étaient aggravées par ces nouveaux principes qui augmentent les sommes qui transitent par les Ministères. Une ONG nous a raconté qu?ils avaient été retenus l?an dernier par un pays du Sud pour animer un programme de soutien à l?agriculture. Or, au moment de la signature, le Ministre concerné à demandé «Qui a-t-il pour moi dans cette entente». Comme l?ONG a refusé de verser un pot-de-vin, elle n?a pas obtenu le contrat.

Les ONG interpellent

Toutefois, la réaction devient de plus en plus vive. Au Canada, comme dans bien d?autres pays, l?ensemble des ONG et les réseaux de développement interpellent leurs Agences respectives. Et signe encourageant, les agences comme l?Agence canadienne de développement international (ACDI), reconnaissent qu?ils ont été trop loin dans la réorientation des pratiques et qu?il faut réintroduire des programmes d?aide à la société civile et à des pratiques de développement s?appuyant sur la prise en charge par les populations locales.

Le Centre d?études et de coopération internationale (CECI) qui a une longue expérience du développement affirme que : Le CECI constate sur le terrain que la vitalité et la diversité de l'engagement civil sont souvent de meilleurs gages de résultats que l'action gouvernementale. Dans les communautés défavorisées où le soutien de l'État est souvent insuffisant et l'investissement privé presque inexistant, le CECI tisse des partenariats avec les organisations que les gens se sont données pour assurer leur propre développement.

En somme, la situation est similaire dans les pays du Nord et du Sud. Sans une société civile qui s?organise pour gagner en influence, sans une implication forte des populations locales dans les quartiers et les villages, sans une prise en charge de leur propre développement, les grandes politiques gouvernementales, et tous les programmes de soutien financier, sont voués à renforcer les défauts d?une approche qui s?en remet soit au marché, soit à l?Etat. L?expérience démontre, quel que soit la diversité des situations et le niveau de pauvreté que la démarche de développement doit faire une place au troisième pilier, la société civile, et s?appuyer sur les mêmes valeurs et pratiques d?empowerment, de participation citoyenne et de prise en charge de leur développement par les populations elles-mêmes.


Yvon PoirierLa Déclaration de Paris est disponible en plusieurs langues au site suivant :http://www.aidharmonization.org/Site du CECI (français/anglais et espagnol) http://www.ceci.ca/


Deux brèves informations

La Maison de la Citoyenneté mondiale de Mulhouse (France)

Campée aux confins des cultures de la Suisse, de l?Allemagne et de la France, son ambition est de démontrer, au quotidien, à travers une action citoyenne, qu?un autre monde est non seulement nécessaire, mais possible. Comment ? En « osant aller à contre-courant ». En combinant réflexion et expérimentation. Toute une série de thèmes qui traversent la vie de chacun sont pris en compte : la citoyenneté, l?économie solidaire, la culture, l?éducation populaire, la volonté de s?enrichir des diversités, en découvrant des racines communes, en s?appuyant sur un esprit de solidarité.

Quelques exemples : la Maison de la Citoyenneté mondiale (MCM) accueille des Forums citoyens tous les samedis matin, une assemblée transfrontalière annuelle. En 2005, elle est devenue le Centre Régional des Citoyens du Monde et lance un projet des jeux mondiaux de la paix. Les activités multiculturelles se multiplient : écrivain public, demandeurs d?asile, recherches de logements et de travail, repas multiculturels, rencontres à thèmes, cours de conversation française. Ces diverses activités se passent principalement sous l?égide du JID (Justice-Immigration-Droit) qui est, en quelque sorte, le partenaire permanent et privilégié.

Enfin, en ce qui concerne l?économie solidaire, la MCM suit des projets ponctuels (restaurant solidaire, épicerie sociale, projet de logements solidaires, une boutique pour rien, « Umsonstladen »), un Centre de Ressources et de Compétences, un partenariat avec la Banque de Projets et la mise en route de la base de données, la poursuite du marché solidaire (à travers une monnaie complémentaire : le « Plus ») et?aujourd?hui, la possibilité d?un développement au niveau de la Région Alsace à travers le projet SOL (SOLidarité).

« Il s?agit de démontrer à travers ces expérimentations, projets, réflexions que l?économie doit devenir distributive, être au service de l?homme et non de l?argent et que la personne humaine doit être prise en compte en tant que personne et non comme facteur de production »


.Résumé de Martine TheveniautPour en savoir plus : Email : mcm.arso@wanadoo.fr et r.winterhalter@wanadoo.fr

Katrina un an après: mobilisation populaire pour affirmer le droit au retour

Le 29 août 2005 Katrina s?abattait sur la côte du Golfe du Mexique avec des résultats catastrophiques. Jusqu?alors, seuls des habitants de pays pauvres comme le Bangladesh avaient connu ça ! Après l?émotion et une première phase de confusion, l?administration Bush déclarait que l?Amérique était capable de faire face, seule, à la catastrophe, et refusait la solidarité de pays comme Cuba, prêts à envoyer l?assistance sanitaire de première urgence. Elle affirmait récemment que 70% des 100 milliards d?USD débloqués pour la reconstruction sont disponibles. La réalité est bien différente. Un an après, les organisations sont sur le pied de guerre car rien n?est revenu comme avant. Les initiatives de solidarité, les marches, les protestations, les causes légales, les propositions des organisations d?habitants, des syndicats, sont classés dans la catégorie faits divers. Les témoignages des survivants, devant la Première Commission Vérité, en juillet 2006, mettent en lumière la situation : personnes contraintes de survivre avec 123 USD par mois, déplacées à des milliers de kilomètres, ou disparues. La grande majorité est pauvre et afro-américaine, 38 des 47 districts les plus pauvres de la Nouvelle-Orléans ont été détruits par Katrina.

Le premier anniversaire de l?ouragan est l?occasion de grandes mobilisations pour faire connaître la vérité aux USA et au monde : une délégation des évacués de Katrina sera à Genève à l?automne 2006 pour écouter le rapport spécial sur les violations des droits de l?homme et la pauvreté aux USA, une première pour cet Etat ; des initiatives sont programmées pour le 10 décembre, Journée Internationale des Droits de l?Homme. Enfin, en mars 2007, le Tribunal International de Katrina sera organisé par Black Activist Coalition on Katrina et par People?s Hurricane Relief Fund & Oversight Coaliton, et précédé d?une Commission spéciale d?enquête internationale composée de délégués de l?Afrique du Sud, du Brésil, des Caraïbes, du Vénézuéla et d?autres pays.

Extrait d?un article de Cesare Ottolini, Coordinateur International Alliance of InhabitantsPour en savoir plus : www.habitants.org Bulletin n° 9, septembre 2006
Résumé par Martine Theveniaut

Nos Bulletins sont disponibles sur le Web:

:http://developpementlocal.blogspot.com/
http://www.apreis.org/

Remerciements
À Évéline Poirier du Canada pour la traduction en anglais

Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca

Bulletin International de Développement Local Durable 

Bulletin d?information #32 - 1 Octobre 2006


Sommaire


Message de l?équipe éditoriale

Développement Social Durable et le Réseautage
Contribution de Rosemary Gomes (Brésil)

Nouvelles politiques d?aide au développement
Impacts sur le développement local durable

Deux brèves informations
La Maison de la Citoyenneté mondiale de Mulhouse (France)
Katrina un an après: mobilisation populaire pour affirmer le droit au retour


Message de l?équipe éditoriale

Le dernier numéro a suscité plusieurs commentaires positifs et encourageants à propos des articles traitant du réseautage.
Rosemary Gomes du Forum brésilien d?économie solidaire (FBES) nous a fait parvenir un texte en portugais, ainsi qu?à plusieurs listes de diffusion au Brésil et en Amérique latine. Nous reproduisons ce texte car il apporte des commentaires et questionnements très pertinents.
Le texte met l?accent sur le caractère essentiel de la circulation d?une information directement élaborée à partir des pratiques sociales des acteurs. Elle est ainsi porteuse d?une valeur d?exemple pour d?autres. Mais plus encore, il met l?accent sur l?importance d?apprendre à communiquer sur l?essentiel dans des termes compréhensibles de tous les publics, pour rapprocher les points de vue, au-delà des idéologies : dans les relations Sud et Nord, mais aussi pour faciliter le fait que des relations s?installent de façon pérenne entre acteurs du Sud et du Sud, ce que le Bulletin porte aussi comme intention. En effet, l?information, quand elle est appropriée par les acteurs de base, est un bien qui se multiplie en se partageant et qui fait grandir le pouvoir d?action. Le texte de Rosemary Gomes ouvre de ce point de vue une perspective de dialogue intéressante et courageuse par sa lucidité. Il faut l?en féliciter.
D?autre part, nous désirons porter votre attention sur l?impact majeur de la Déclaration de Paris sur les politiques de développement. Si ce n?est déjà fait, nous souhaitons que les organisations du développement local, de l?économie sociale et solidaire s?approprient ce débat, car il y a un grave danger pour le rôle de la société civile dans le développement.
Nous SUSPENDONS INDÉFINIMENT la parution du Bulletin en espagnol. Ainsi, nous réitérons notre appel à des personnes bénévoles, notamment pour la traduction vers l?espagnol..
Francisco Botelho
Yvon Poirier
Martine Théveniaut

Développement Social Durable et le Réseautage
Contribution de Rosemary Gomes (Brésil)

Le Bulletin international sur le développement local durable dans sa dernière édition (#31), lance des questions importantes pour l?actualité de nos débats concernant les Réseaux et pour les acteurs sociaux qui vivent ? agissent ? militent en leur sein.
Il mérite une lecture attentive de la part de tous ceux
* qui suivent le développement des méthodologies de la vie en réseau et la multiplicité des formes qu?elles ont assumé ces dernières années, surtout en Amérique Latine.
* qui se préoccupent de la meilleure façon de renforcer notre camp, toujours caractérisé par sa diversité (d?acteurs, de « drapeaux », de causes, de mouvements sociaux?)
* qui veulent éviter la fragmentation, la multiplication des structures et le dédoublement en investissements financiers et humains.

Des défis majeurs

Nous croyons que nous pouvons effectivement travailler ensemble. La complémentarité et l?intégration (qu?elle soit inter, intra or supra) nous permettra de beaucoup progresser, non pas parce que c?est agréable d?être solidaire, mais parce que c?est seulement en conjuguant nos efforts que nous arriverons à produire des changements dans la réalité.
Cette politisation nous éloigne de l?assistance, des pratiques d?aide. L?écho du Sud parle de radicalisation? celui du Nord de travailler en direction des institutions internationales. Mais, au Sud, il y a également des acteurs qui aspirent à faire la promotion, voire à participer à la conception des nouvelles approches. La nécessité de produire des alternatives réelles à la globalisation conduit à ce que des dynamiques très distinctes se rejoignent.
Pour un défi si important comme celui de globaliser la solidarité, je crois que nous devrions agir également pour que les secteurs coopératifs de production soient convaincus ? et même conquis ? par la volonté de travailler à des relations de coopération internationale, d?un nouveau type. Faire que les producteurs se perçoivent comme des acteurs de développement, et pas seulement comme des producteurs ou des consommateurs. Des producteurs qui se perçoivent aussi des entités porteuses de droits, de devoirs, et de force pour construire de nouveaux territoires, de nouveaux marchés. Il faut en finir avec le mythe existant du Marché auquel il faut participer. Il faut montrer les expériences où les marchés sont nés de la volonté des relations économiques éthiques et solidaires. Ça ne se passe pas spontanément, et c?est là qu?intervient le rôle des ONG, dans les processus de Réseaux et de Forums internationaux.

L?information : une question cruciale

Le thème d?une communication constante, fluide (dans nos diverses langues et dialectes), transparente, fréquente, pourrait apporter petit à petit une plus grande pérennité aux processus, en dehors des moments de rencontres dans les Évènements. Mais qui finance de tels dialogues qui ne sont pas bilatéraux ? Tout particulièrement du Sud vers le Sud ?
Il est également important de spécifier et de mettre en évidence que la communication n?est pas seulement l?information ou la connexion.
L?information peut se transmettre, être utilisée et abandonnée, tout dépend de l?usage qu?on fait d?elle. Alors apparaît la nécessité de promouvoir dans les Réseaux une formation à l?usage des nouvelles Technologies d?information et de communication (TIC), car elle n?est pas faite adéquatement pour ceux qui peuvent le faire excellemment. Il manque toujours du temps, du dévouement et, surtout, du financement pour cette formation dans l?usage de ces instruments.
Cette année, avec l?usage des GNU (gratuciel), on a fait des choses fantastiques adressées à l?économie solidaire, mais ils n?ont pas été complètement appropriés par les usagers que ce soit les coopératives, ou les jeunes gens qui développent?
Il serait nécessaire de définir une (re)signification du concept d?information dans l?ère du digital et de l?informatique.

La vie des réseaux

Les Réseaux ont autant besoin de rencontres directes que de mécanismes de communication, de créer des liens de confiance, de se regarder face en face, ?il à ?il, de voir les produits, d?apprendre les techniques, de connaître la position de chacun? L?utilisation de Skype et les téléconférences ont facilité les choses et ont économisé beaucoup les ressources.
Ceux qui utilisent et maîtrisent ces nouveaux instruments sont encore peu nombreux, soit par incapacité technique, soit parce qu?ils ne sont pas à l?aise. Il y a encore des limitations humaines à surpasser.
Mais il est prioritaire de décentraliser les informations, car autrement les élites et « les experts » seulement continueront d?être toujours bien informés.
Que pensent nos leaders de la production de l?Autre Mondialisation? Qu?est ce que nous manque pour lancer une campagne, un ?drapeau?, une cause (je sais qu?il en existe beaucoup - mais nous avons besoin de prioriser et pratiquer cet internationalisme). Je suis sûre qu?il ne manquerait pas de bras, de jambes, de voix, partout dans les cinq continents ? il manque seulement une direction politique du processus. Moins se préoccuper de texte sur papier de la plateforme internationale ? elle a déjà notre accord minimum ? que commencer à nous unir dans des actions concrètes.
Une partie de la politisation passe par la nécessité de combattre, en interne, nos ambivalences. Des thèmes comme le modèle de consommation, soit au Nord ou au Sud, sont souvent contournés parce qu?ils génèrent des impasses... L?Économie Solidaire devrait-elle prendre une forme plus radicale afin de construire un autre modèle de production ou poursuivre dans la voie de mitiger les conséquences d?un modèle insoutenable ? Et la question de la précarité des droits sociaux dans les entreprises solidaires? Nous parlons toujours dans les documents de la défense des droits économiques et sociaux. Qu?est ce que ça signifie dans l?économie solidaire? Et le thème du financement du développement?

Quel est notre agenda du développement, cet agenda a-t-il un Nord et un Sud? Le moment de travailler les interactions ou interrelations entre les Réseaux n?est-il pas arrivé ?
Ces questions, ces doutes sont renforcés par la lecture de ce Bulletin.
Rosemary Gomes
FASE, FBES, FACES - Brasil
rgomes@fase.org.br
Nouvelles politiques d?aide au développement

Impacts sur le développement local durable

Un débat important est présentement en cours dans l?ensemble du secteur de l?aide au développement à la suite de l?adoption de la Déclaration de Paris en mars 2005

Les dispositions de la Déclaration de Paris

À cette occasion, plus de 90 pays donateurs et des agences multilatérales, ont adoptés cette Déclaration sur l?efficacité de l?aide. La Déclaration de Paris se veut un pas majeur de la communauté internationale pour réformer les modalités de l'aide et réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement (ODM).

« Nous reconnaissons que si l'atteinte de ces objectifs suppose un accroissement des volumes d'aide... une augmentation significative de l'efficacité de l'aide est également nécessaire.» - Déclaration de Paris

Cette Déclaration affirme cinq principes d'efficacité de l'aide : prise en charge du développement par les pays recevant l'aide; alignement sur les stratégies, les procédures et les institutions de ces pays; harmonisation et simplification des mécanismes d'aide; gestion axée sur les résultats; imputabilité conjointe en regard de ces résultats.

À première vue, ces principes semblent positifs car ils mettent un peu d?ordre dans les approches d?aide, et normalement elles forcent les pays récipiendaires à améliorer la transparence, une meilleure gestion, etc. Ainsi, la communauté des ONG internationales a été d?accord avec ces principes.

Des impacts contrastés

Toutefois, la Déclaration de Paris comporte des lacunes graves qui ont des impacts de plus en plus importants, dont un certain nombre d?effets pervers et négatifs. Un premier effet significatif est apparu par une baisse importante des budgets disponibles pour des projets gérés par les ONG internationales. Comme les Agences des différents pays transfèrent directement les fonds au pays récipiendaires, les programmes d?appui à la société civile, à l?organisation communautaire et au développement local se réduisent énormément (souvent de plus de 50%). Ce qui n?est pas surprenant, la Déclaration de Paris n?évoque pas une seule fois le concept de société civile.
Dans certains cas, ces nouvelles politiques d?aide aggravent des problèmes déjà existants. Ainsi, lors de l?Université d?été organisée par le Groupe d?économie solidaire du Québec (GESQ) en juin dernier, des représentants d?ONG nous ont indiqués que les pratiques de corruption dans certains pays récipiendaires, étaient aggravées par ces nouveaux principes qui augmentent les sommes qui transitent par les Ministères. Une ONG nous a raconté qu?ils avaient été retenus l?an dernier par un pays du Sud pour animer un programme de soutien à l?agriculture. Or, au moment de la signature, le Ministre concerné à demandé «Qui a-t-il pour moi dans cette entente». Comme l?ONG a refusé de verser un pot-de-vin, elle n?a pas obtenu le contrat.

Les ONG interpellent

Toutefois, la réaction devient de plus en plus vive. Au Canada, comme dans bien d?autres pays, l?ensemble des ONG et les réseaux de développement interpellent leurs Agences respectives. Et signe encourageant, les agences comme l?Agence canadienne de développement international (ACDI), reconnaissent qu?ils ont été trop loin dans la réorientation des pratiques et qu?il faut réintroduire des programmes d?aide à la société civile et à des pratiques de développement s?appuyant sur la prise en charge par les populations locales.

Le Centre d?études et de coopération internationale (CECI) qui a une longue expérience du développement affirme que : Le CECI constate sur le terrain que la vitalité et la diversité de l'engagement civil sont souvent de meilleurs gages de résultats que l'action gouvernementale. Dans les communautés défavorisées où le soutien de l'État est souvent insuffisant et l'investissement privé presque inexistant, le CECI tisse des partenariats avec les organisations que les gens se sont données pour assurer leur propre développement.

En somme, la situation est similaire dans les pays du Nord et du Sud. Sans une société civile qui s?organise pour gagner en influence, sans une implication forte des populations locales dans les quartiers et les villages, sans une prise en charge de leur propre développement, les grandes politiques gouvernementales, et tous les programmes de soutien financier, sont voués à renforcer les défauts d?une approche qui s?en remet soit au marché, soit à l?Etat. L?expérience démontre, quel que soit la diversité des situations et le niveau de pauvreté que la démarche de développement doit faire une place au troisième pilier, la société civile, et s?appuyer sur les mêmes valeurs et pratiques d?empowerment, de participation citoyenne et de prise en charge de leur développement par les populations elles-mêmes.
Yvon Poirier
La Déclaration de Paris est disponible en plusieurs langues au site suivant :
http://www.aidharmonization.org/
Site du CECI (français/anglais et espagnol) http://www.ceci.ca/

Deux brèves informations

La Maison de la Citoyenneté mondiale de Mulhouse (France)

Campée aux confins des cultures de la Suisse, de l?Allemagne et de la France, son ambition est de démontrer, au quotidien, à travers une action citoyenne, qu?un autre monde est non seulement nécessaire, mais possible. Comment ? En « osant aller à contre-courant ». En combinant réflexion et expérimentation. Toute une série de thèmes qui traversent la vie de chacun sont pris en compte : la citoyenneté, l?économie solidaire, la culture, l?éducation populaire, la volonté de s?enrichir des diversités, en découvrant des racines communes, en s?appuyant sur un esprit de solidarité.

Quelques exemples : la Maison de la Citoyenneté mondiale (MCM) accueille des Forums citoyens tous les samedis matin, une assemblée transfrontalière annuelle. En 2005, elle est devenue le Centre Régional des Citoyens du Monde et lance un projet des jeux mondiaux de la paix. Les activités multiculturelles se multiplient : écrivain public, demandeurs d?asile, recherches de logements et de travail, repas multiculturels, rencontres à thèmes, cours de conversation française. Ces diverses activités se passent principalement sous l?égide du JID (Justice-Immigration-Droit) qui est, en quelque sorte, le partenaire permanent et privilégié.

Enfin, en ce qui concerne l?économie solidaire, la MCM suit des projets ponctuels (restaurant solidaire, épicerie sociale, projet de logements solidaires, une boutique pour rien, « Umsonstladen »), un Centre de Ressources et de Compétences, un partenariat avec la Banque de Projets et la mise en route de la base de données, la poursuite du marché solidaire (à travers une monnaie complémentaire : le « Plus ») et?aujourd?hui, la possibilité d?un développement au niveau de la Région Alsace à travers le projet SOL (SOLidarité).
« Il s?agit de démontrer à travers ces expérimentations, projets, réflexions que l?économie doit devenir distributive, être au service de l?homme et non de l?argent et que la personne humaine doit être prise en compte en tant que personne et non comme facteur de production ».
Résumé de Martine Theveniaut
Pour en savoir plus : Email : mcm.arso@wanadoo.fr et r.winterhalter@wanadoo.fr

Katrina un an après: mobilisation populaire pour affirmer le droit au retour

Le 29 août 2005 Katrina s?abattait sur la côte du Golfe du Mexique avec des résultats catastrophiques. Jusqu?alors, seuls des habitants de pays pauvres comme le Bangladesh avaient connu ça ! Après l?émotion et une première phase de confusion, l?administration Bush déclarait que l?Amérique était capable de faire face, seule, à la catastrophe, et refusait la solidarité de pays comme Cuba, prêts à envoyer l?assistance sanitaire de première urgence. Elle affirmait récemment que 70% des 100 milliards d?USD débloqués pour la reconstruction sont disponibles. La réalité est bien différente. Un an après, les organisations sont sur le pied de guerre car rien n?est revenu comme avant. Les initiatives de solidarité, les marches, les protestations, les causes légales, les propositions des organisations d?habitants, des syndicats, sont classés dans la catégorie faits divers. Les témoignages des survivants, devant la Première Commission Vérité, en juillet 2006, mettent en lumière la situation : personnes contraintes de survivre avec 123 USD par mois, déplacées à des milliers de kilomètres, ou disparues. La grande majorité est pauvre et afro-américaine, 38 des 47 districts les plus pauvres de la Nouvelle-Orléans ont été détruits par Katrina.
Le premier anniversaire de l?ouragan est l?occasion de grandes mobilisations pour faire connaître la vérité aux USA et au monde : une délégation des évacués de Katrina sera à Genève à l?automne 2006 pour écouter le rapport spécial sur les violations des droits de l?homme et la pauvreté aux USA, une première pour cet Etat ; des initiatives sont programmées pour le 10 décembre, Journée Internationale des Droits de l?Homme. Enfin, en mars 2007, le Tribunal International de Katrina sera organisé par Black Activist Coalition on Katrina et par People?s Hurricane Relief Fund & Oversight Coaliton, et précédé d?une Commission spéciale d?enquête internationale composée de délégués de l?Afrique du Sud, du Brésil, des Caraïbes, du Vénézuéla et d?autres pays

Extrait d?un article de Cesare Ottolini, Coordinateur International Alliance of Inhabitants
Pour en savoir plus : www.habitants.org Bulletin n° 9, septembre 2006
Résumé par Martine Theveniaut

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Remerciements
À Évéline Poirier du Canada pour la traduction en anglais


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