5/02/2007
Bulletin International de Développement Local Durable
Bulletin d’information #38
1 Mai 2007
Sommaire
Message de l’équipe éditoriale
Souveraineté alimentaire
Outil pour le développement local
Deux organisations à découvrir
Seikatsu Club Co-operative
Nepal Federation of Savings & Credit Co-operative Unions Ltd. (NEFSCUN)
Message de l’équipe éditoriale
La question de l’alimentation constitue le sujet principal de ce numéro. Il est intéressant de voir un article qui traite d’une initiative qui provient des producteurs, la souveraineté alimentaire, et une initiative en provenance des consommateurs, la coopérative Seikatsu Club du Japon.
À notre point de vue, il s’agit dans les deux cas d’initiatives exemplaires qui reposent tous les deux sur la prise en charge, soit par les producteurs, soit par les consommateurs, eux-mêmes, dans leurs milieux de vie respectifs.
Dans les deux cas, on y voit une approche différente de celle qui est dictée par les marchés globalisés. C’est encourageant et stimulant.
Équipe éditoriale
Francisco Botelho
Yvon Poirier
Martine Théveniaut
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Souveraineté alimentaire
Outil pour le développement local
La souveraineté alimentaire est un terme créé par des membres du mouvement paysan international, Via Campesina, en 1996. Il fait référence à une politique cadre qui réclame « les droits des peuples à définir leur propres systèmes de nourriture, d’agricultures, d’élevage et de pêche », pour s’opposer aux forces internationales du marché qu’ils subissent en majeure partie. Elle est basée sur le plaidoyer des petits agriculteurs, des paysans, des pastoralistes, des pêcheurs artisanaux, des peuples indigènes, des femmes et de la jeunesse rurale et des organisations d’environnementalistes (1).
Lors du Forum de la Souveraineté Alimentaire qui s’est tenu à Sélingué au Mali, 500 délégués de plus de 80 pays ont adopté la Déclaration de Nyéléni le 27 février 2007 « La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine, dans le respect des cultures, produite à l’aide de méthodes durables et respectueuses de l’environnement, ainsi que leur droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle place les producteurs, distributeurs et consommateurs des aliments au cœur des systèmes et politiques alimentaires en lieu et place des exigences des marchés et des transnationales. Elle défend les intérêts et l’intégration de la prochaine génération. Elle représente une stratégie de résistance et de démantèlement du commerce entrepreneurial et du régime alimentaire actuel. Elle donne des orientations pour que les systèmes alimentaires, agricoles, halieutiques et d’élevage soient définis par les producteurs locaux. La souveraineté alimentaire donne la priorité aux économies et aux marchés locaux et nationaux et fait primer une agriculture paysanne et familiale, une pêche traditionnelle, un élevage de pasteurs, ainsi qu’une production, distribution et consommation alimentaires basées sur la durabilité environnementale, sociale et économique. La souveraineté alimentaire promeut un commerce transparent qui garantisse un revenu juste à tous les peuples et les droits des consommateurs à contrôler leurs aliments et leur alimentation. Elle garantit que les droits d’utiliser et de gérer nos terres, territoires, eaux, semences, bétail et biodiversité soient aux mains de ceux et celles qui produisent les aliments. La souveraineté alimentaire implique de nouvelles relations sociales, sans oppression et inégalités entre les hommes et les femmes, les peuples, les groupes raciaux, les classes sociales et les générations. »(2)
Ce Forum, tout en respectant bien les principes fondamentaux du Forum Social Mondial en termes de pratiques démocratiques et diversité, a également fait preuve de beaucoup d’inventivité. Tout d’abord, la méthodologie, complexe et très efficace, a facilité l’émergence des idées du bas vers le haut, croisé les thèmes, les secteurs et les intérêts spécifiques. La participation a été approfondie et les idées fortement enrichies.
En observant le déroulement des travaux de façon détachée, depuis la cabine d’interprétation, j’ai été surtout frappée par la façon dont les différents groupes de personnes se sont appropriées les idées, ont cherché le renforcement entre des réseaux qui ne coopéraient pas de façon rapprochée auparavant. Par exemple, entre les questions de la pêche artisanale, des pastoralistes et celles des femmes (particulièrement celle de la propriété de terres), les droits des peuples indigènes etc.…
Toutes ces questions font apparaître le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à contrôler le développement local durable. Un effort significatif peut maintenant s’exercer pour travailler conjointement et lutter contre les pressions grandissantes des corporations multinationales, qu’il s’agisse d’ organismes génétiquement modifiés (OGM), de l’aquaculture industrielle ou bien de l’expropriation des forêts ancestrales pour une agriculture à échelle industrielle.
En dernière analyse, c’est par un tel travail de renforcement des réseaux internationaux qu’une pression réellement efficace pourra se faire sentir localement pour préserver et protéger les droits et atteindre la souveraineté alimentaire à part entière.
Rédaction – Judith Hitchman
Interprète et consultante
Pour plus d’information :
(1) http://www.abcburkina.net/content/view/359/56/
(2) http://www.nyeleni2007.org/spip.php?article286
Deux organisations à découvrir
Seikatsu Club Co-operative
Cette coopérative de consommation du Japon est un exemple, de très grande envergure, du lien direct entre consommateurs et producteurs. Cette coopérative de 268 400 membres, dont la grande majorité est des femmes, repose sur le principe de l’achat collectif préalable.
Ainsi, dans les produits alimentaires tels le riz, le lait et la viande sont transportés directement et rapidement (moins de 48 heures) des producteurs aux consommateurs. De cette façon, les produits sont toujours frais et sont à des prix raisonnables. De plus, il y a une assurance totale que les produits ne contiennent pas d’OGM, ni des vaccinations d’antibiotiques à la volaille, etc.
De plus, la coopérative mène des campagnes contre les OGM et le respect de l’environnement. Par exemple, on utilise des bouteilles de verre pour le lait.
Dans les prochains mois, on présentera plus en détail les activités de cette coopérative, que je rencontrerai lors d’un voyage d’étude au Québec au mois de septembre. Voyage que je collabore à organiser.
Rédaction : Yvon Poirier
Pour informations (en anglais)
http://www.seikatsuclub.coop/english/index.html
Nepal Federation of Savings & Credit Co-operative Unions Ltd. (NEFSCUN)
Le 22 mars dernier, je rencontrais à Montréal Suman Khanal, directeur-général de la NEFSCUN. Suman Khanal est également membre du Conseil d’administration du RIPESS (dont nous avons fréquemment parlé dans des numéros précédents).
Cette fédération, qui a maintenant 19 ans d’existence, compte plus de 150 000 membres individuels dans les 450 coopératives affiliées. Les membres de la fédération sont présents dans 52 des 75 districts du Népal. Le site WEB donne des informations détaillées sur les activités de la NEFSCUN, dont les liens avec des partenaires de plusieurs pays.
Comme il y aura bientôt une assemblée constituante afin de rédiger une nouvelle constitution, suite au renversement du pouvoir absolu du roi, la fédération a reporté à plus tard son effort de doter le Népal d’une première loi sur les coopératives d’épargne et de crédit. En effet, comme une telle loi n’existe pas, la fédération n’est pas en mesure d’offrir tous les services habituels.
Avec le renversement du monarchisme absolu, la capacité des organisations népalaises d’agir est facilitée.
Rédaction – Yvon Poirier
Pour informations (en anglais)
http://www.nefscun.org.np/
Nos Bulletins sont disponibles sur le WEB :
http://developpementlocal.blogspot.com/
www.apreis.org/
Remerciements à nos traducteurs :
Évéline Poirier (Canada) pour l’anglais, Brunilda Rafael (France) pour l’espagnol et Michel Colin (Brésil) pour le portugais
Nous contacter (pour informations, nouveaux abonnements ou désabonnements)
Yvon Poirier ypoirier@videotron.ca